S'adapter et, en parallèle, favoriser les échanges professionnels. L'équipe de la Fédération indépendante de l'hôtellerie 88, ou Umih Vosges, telle qu'elle s'est constituée, il y a une douzaine d'année, s'inscrit dans cette logique. L'actuel président, Xavier Grimon, a repris l'établissement familial. Ce fut d'abord un routier. « On passait 120 croissants minimum tous les matins » se souvient-il. Puis « il y a eu des changements de circulation. Du jour au lendemain, on vous coupe la route et tout s'arrête ». Ses parents l'ont vécu et surmonté. « Quand la cuisine est bonne, les gens finissent par faire le détour mais ça prend du temps » estime le cuisinier qui a tout refait il y a dix ans. Le Relais de Vincey, hôtel et restaurant de village, choisit alors la thématique 'yacht club de luxe'. Réussi, contemporain, ce Logis de France séduit aujourd'hui la clientèle d'affaires sud-nancéenne. Les 41 chambres affichent un taux moyen d'occupation se situant entre 50 à 55%. « C'est la moyenne du département » confie le dirigeant syndical, qui constate avec regrets une chute du parc : « nous avions beaucoup d'hôtels dans les petites villes. Malheureusement, ils disparaissent faute de repreneurs. Les problèmes de mises aux normes ont terriblement accentué le phénomène ». Sur l'ensemble du cheptel, la FIH Vosges compte 60% d'adhérents. Un joli score qui se maintient grâce à l'omniprésence du syndicat dans les administrations et, là encore, sa capacité à évoluer. « Le syndicalisme est compliqué. Nous devons servir de garde-fou, accepter la concertation avec les institutions mais ce ne doit pas être à sens unique et amener des choses concrètes aux professionnels » résume Xavier Grimon. L'ancien président départemental, devenu trésorier du bureau lorsqu'il a pris ses fonctions à la présidence de Best Western France, Gérard Claudel, a été élu à la tête de la Chambre de commerce et d'industrie des Vosges. Son obsession : booster, mettre en relation les entrepreneurs et les clientèles potentielles. Des marbriers vosgiens étaient au dernier salon des maires de France à Paris. « Nous nous sommes occupés de toute l'intendance. Ils n'avaient plus qu'à se concentrer sur la raison de leur présence : faire des affaires. » Lors du lancement de Maître Restaurateur, le département a très vite donné l'exemple et la CCI travaille actuellement à l'Ecolabel pour les hôtels. Une dizaine devrait être estampillée dans les mois qui viennent.
Le tourisme, c'est un tout
« Nous avons invité tous les hôteliers du département pour leur expliquer la démarche, les aides au financement et au pré-diagnostique dont ils pourraient bénéficier et où cela les mènerait. Les clients connaissent l'Ecolabel. Nous souhaitons qu'il ait un panel en 2, 3 et 4 étoiles. Et nous allons étendre le dispositif auprès des campings » explique Gérard Claudel. « Le tourisme, c'est un tout » convient Xavier Grimon. Les deux hommes sont à l'origine du centre FIH 88 de formation. « Les Vosges ont des besoins spécifiques. Il y a la montagne, sachant que nous sommes un département dit de 'moyenne montagne', nous avons le thermalisme de mars à novembre, de l'activité business et de ville. L'idée était de proposer des formations non pas généralistes mais répondant bel et bien aux attentes des CHR vosgiens ». Des professionnels parmi lesquels, Gérard Claudel, cite de très belles réussites. « Nous avons Jean-Yves Rémy à Labresse avec le groupe familiale Labellemontagne qui emploie près de 1000 personnes en saison. Nous avons aussi des femmes extrêmement dynamiques comme Christiane Thenot, qui fait partie du bureau de la FIH 88 et dirige le Relais Vosgiens à Saint-Pierremont… ». Le département abrite également l'une des plus grosses discothèques de l'Est de la France, le Sphinx sur la commune de Charmes. « Nous avons réussi à ce que les contrôles de gendarmerie ne soient pas uniquement à la sortie des discothèques mais aussi avant l'entrée… C'était important car les pouvoirs publics ont pu constater que malheureusement les abus sont souvent en amont » intervient Xavier Grimon qui regrette que les discothèques aient été chassées des villes à cause du bruit. « Les clients n'ont pas le choix, ils doivent utiliser un véhicule pour se rendre aujourd'hui dans une discothèque… ». Autre constat : « nos cafés ont beaucoup souffert de la loi anti-tabac. Une partie de la clientèle, c'étaient les anciens, qui se retrouvaient au bistrot… Les cafés ne se vendaient plus. La valeur des fonds à chuter et les licences IV se sont éteintes » déplore Gérard Claudel qui pointe aussi du doigt le développement des grosses chaînes de restauration. « Ces enseignes n'apportent rien au tissu local. Elles n'achètent rien sur place. Tout arrive par camion. Et puis, elles déséquilibrent le marché. Nous en avons trois sur Epinal et on en annonce 4 nouvelles pour 39 000 habitants… Les restaurants du centre-ville ont vu leur fréquentation chuter de 30%. Je crois davantage dans l'équilibre et la diversité du marché… »
Remise en question permanente
Gérard Claudel, qui termine sa cinquième année en tant que président de Best Western France – 310 établissements sur tout le territoire – revendique une approche concertée. « Nous faisons des plans structurés tous les trois ans avec des actions et des objectifs très fermes. Le client au coeur du concept et nous faisons un important travail de formation sur l'employabilité. Les Best Western sont très différents mais le client est unique, d'où notre signature : des hôtels au singulier ». Dans son établissement, le Lafayette, qu'il a construit en périphérie d'Epinal, la remise en cause est permanente avec des agrandissements, de nouvelles salles de bain ou encore la création récemment d'un SPA qui lui permet désormais d'accueillir une clientèle de week-end et séduit, en semaine, la clientèle d'affaires. « On est dans une zone industrielle mais les clients, dès qu'ils sont à l'intérieur, ne s'en rendent plus compte. » Gérard Claudel revendique également une éthique de la restauration : le panneau Maître Restaurateur est en bonne place. Quant au staff (25 personnes en moyenne), il est stable mais comprend aussi des jeunes, qui puisent ici expérience et compétences. L'homme est parrain de l'édition 2012 de la Coupe Georges Baptiste. "La qualité de l'accueil et du service est aussi importante que celle de la cuisine ou du cadre. Nous devons transmettre ces valeurs aux nouvelles générations". Très vrai.
Publié par Sylvie SOUBES