C'est par l'intermédiaire d'amis que Philippe Tasso, Laurent Klein et Séverine Rebout, les trois associés de l'agence Nooor, ont rencontré Éric Cenreaud, propriétaire du fonds du Concortel, un hôtel 3 étoiles situé rue Pasquier à Paris (VIIIe). Totalement impliqué dans le projet, il fait confiance à l'agence, qui n'est pourtant pas spécialisée dans l'hôtellerie. "J'ai fait mon choix rapidement, après avoir consulté plusieurs architectes d'intérieur, confie Éric Cenreaud. Leur discours m'a plu, d'autant qu'il s'intégrait dans l'enveloppe budgétaire que nous avions fixée."
Un défi important, aussi car cet hôtel très parisien composé de deux bâtiments, séparés par une petite cour intérieure, est fréquenté par une clientèle constituée à 95 % d'habitués, donc pas question de fermer l'établissement pendant les travaux. "Nous avons dû composer avec un budget serré et une contrainte opérationnelle, détaille Philippe Tasso, ce qui fait que nous avons procédé par phases successives." Depuis le lancement des travaux en 2009, 14 des 37 chambres ont ainsi été rénovées. Les 23 autres le seront dans une seconde phase. Le travail est délicat : "Nous ne devions pas perdre le fil conducteur entre les tranches de travaux et maintenir une vraie cohérence", déclare Philippe Tasso.
Les architectes décorateurs s'attaquent d'abord à la partie ancienne, le bâtiment sur cour, après avoir adopté pour l'ensemble de la rénovation, un thème général : "Nous sommes partis sur le thème des voyages et l'attrait exercé par l'Asie au XIXe siècle", explique Laurent Klein. Un travail qui aboutit à la réalisation de chambres uniques très personnelles, empreintes d'une forte dominante orientale.
Harmonie de couleurs
Dans la partie 'hôtel particulier', les décorateurs ont mis en valeur les alcôves à la tête du lit. Elles sont habillées de papier peint orné de motifs évoquant les voyages : cartes du monde sépia, impressions d'objets en ocre brun, feuillage exotique... Les trois décorateurs apportent leur signature avec la création du mobilier (tables de bureau en fer forgé avec lampe intégrée, appliques au mur et à la tête du lit). Un choix attentif des tissus et des papiers fait régner dans toutes les chambres une réelle harmonie de couleurs tout en gardant la tonalité asiatique, avec des papiers peints de chez Pierre Frey pour les têtes de lit et les toiles de Jouy, et Arte, Elitis et Dedar pour les unis et les faux-unis.
Dans les chambres plus modernes, les décorateurs ont retravaillé les espaces, comme la place du lit ainsi que les têtes de lit, réalisées sur mesure et qui s'assemblent comme un puzzle géant. Les bureaux ont parfois changé de disposition et se retrouvent derrière la tête de lit, face à l'écran de télévision. "Je souhaitais avoir beaucoup de place pour les bureaux, souligne le propriétaire, car ma clientèle est composée à 80 % d'hommes et de femmes d'affaire." Quelques salles de bains ont été refaites, notamment dans la partie nouvelle, dans une atmosphère très zen (en gris, en noir ou, dans certaines salles de bains, avec un grès sur lequel ont été dessinées de petites mosaïques de couleurs qui s'harmonisent parfaitement avec la vasque en marbre rose).
Enfin, pour parer aux chocs éventuels dus aux bagages volumineux, les décorateurs ont retrouvé et posé en bas-reliefs sur les murs, un revêtment bien connu des grandes brasseries, l'Incrusta, qui trouve ici une nouvelle utilisation.
Pour une première, le Concortel s'affiche comme un vrai travail créatif, dont la fin reste cependant à écrire, avec le lobby et les services généraux.
Publié par Évelyne de Bast