Éric-Jean Floureusse a tourné la page.
Aéroconseil, son bureau d'étude de 1 200 collaborateurs implanté à
Toulouse, a été revendu en 2011. Depuis, l'entrepreneur s'est fixé un nouveau
défi, hôtelier cette fois-ci, qui le fait atterrir dans les Alpilles. "Cette
région, à trois heures de train de Paris, a une authenticité plus marquée que le Luberon, et un
potentiel de développement plus intéressant, notamment dans l'hôtellerie de
luxe", juge-t-il. C'est ici qu'il reprend, en 2014, le Hameau des Baux, à Paradou. Son
objectif ? Transformer cet établissement typiquement provençal en un "concept-hôtel".
"L'avenir de l'hôtellerie passe par autre chose que l'hébergement et la
restauration, sauf si cette dernière est vraiment exceptionnelle. Je me suis
donc rapproché de l'idée des concept-stores, ces lieux hybrides au
positionnement pointu, pour monter en gamme et faire du Hameau un lieu de vie
et d'expériences", explique-t-il.
Résidences d'artistes, expositions, boutique de meubles vintage… L'hôtel
se veut délibérément arty. Œuvres d'art et meubles chinés, mis à la vente, s'invitent
dans les chambres, le lobby… Les clients peuvent ainsi repartir avec une toile
ou une lampe Murano sous le bras. "Cela permet de renouveler en permanence
notre décoration et l'expérience client, de se démarquer dans la région
et d'avoir deux angles pour notre communication : la presse spécialisée en
tourisme, et les revues d'art et de décoration", note-t-il. L'établissement
propose aussi des escapades en cabriolets de collection, des soins bien-être en
chambre, des projections de cinéma en plein air, un food-truck pour une
restauration décontractée le week-end, une boutique de produits à la sélection
pointue, locale ou tendance… Autant d'animations qui "ouvrent le Hameau sur
l'extérieur et en font un lieu de socialisation, inscrit dans le
territoire".
Une stratégie globale
Éric-Jean Floureusse s'est entouré de spécialistes : la directrice
de l'hébergement, Alexandra Viallon, est l'ancienne responsable des
séjours en villa de La Réserve Ramatuelle (5 étoiles), tandis que José
Maréchal, "chef atypique connu notamment pour ses ouvrages culinaires",
a été nommé directeur de la restauration. Le maître des lieux a également créé
une agence de décoration et de mobilier vintage, en association avec une
antiquaire. "Emmanuelle Vidal avait déjà une boutique à Toulouse, mais le
Hameau lui offre une deuxième vitrine, avec plus de 200 pièces des années 1950
à 1990. C'est le plus grand show-room de Provence. Nous avons aussi développé
un site internet plus puissant pour faire du cross-selling [vente croisée,
NDLR] entre hôtellerie et antiquités", précise-t-il. Enfin, sa société En
route libre s'occupe de la location de cabriolets. "C'est une stratégie
globale", affirme cet "entrepreneur dans l'âme" qui ne manque pas de
projets. L'établissement, qui compte 20 chambres et un mas privatisable,
vise six chambres supplémentaires et un second mas à l'horizon 2018. Un
restaurant en take-away, baptisé L'avant-goût du Hameau, devrait ouvrir en
avril prochain, à Maussane les Alpilles. "Le Hameau étant isolé, cela lui
permettra de développer sa visibilité", prévoit Éric-Jean Floureusse.
Enfin, Paris pourrait accueillir un autre établissement de la marque - hôtel ou
restaurant - d'ici cinq ans.
Publié par Violaine BRISSART