À moins d'un an de l'échéance fixée par le législateur, force est de constater que la mise en oeuvre du texte de 2005 est loin d'être achevée. Selon les chiffres officiels, seuls 185 000 établissements sur les 650 000 recensés en 2012, soit moins de 30 %, satisfont aux normes légales.
Et ce n'est pas la dernière trouvaille gouvernementale, l'Agenda d'accessibilité programmée (Ad'AP), qui va exercer une forte incitation, puisqu'il est question - notamment pour les établissements scolaires - d'instaurer de nouveaux délais allant de trois à… neuf ans. Difficile dans un tel contexte pour les pouvoirs publics d'exiger pour les uns ce qui est soudainement devenu moins urgent pour les autres.
On comprend l'agacement, pour ne pas dire plus, des associations en charge des droits des personnes handicapées : les élèves des collèges seraient-ils moins considérés que les clients des hôtels ou des restaurants ?
Il est vrai que cette loi mal conçue n'a pas eu non plus toutes les vertus qui auraient permis aux professionnels de s'adapter à ces normes indispensables à la qualité d'un accueil digne de ce nom. Mais les rigidités bureaucratiques sur l'obligation de la chambre pour les personnes handicapées dans chaque établissement ont privé les hôteliers de la possibilité de mettre en place un système efficace de mutualisation, ainsi que certains l'avaient proposé.
Et à l'heure où l'échéance approche sans qu'il soit possible de la respecter, les hésitations officielles, entre mesures incitatives d'un côté et appareil répressif de l'autre, ne peuvent que conduire à faire perdurer une situation d'immobilisme dommageable pour tous.
Il appartient en fait à chaque professionnel de mettre en oeuvre au plus vite les dispositions prévues par la loi de 2005, avant que la contrainte associée à une inévitable flambée des tarifs pratiqués par des intervenants incapables de répondre à la demande ne vienne encore alourdir le montant de l'investissement qu'il faudra bien assumer quoi qu'il arrive.
L'enjeu de l'accessibilité ne doit pas opposer d'un côté les personnes handicapées et de l'autre les commerçants, mais bel et bien ouvrir un terrain de compréhension mutuelle pour la garantie des intérêts de chacun.
Publié par L. H.