Un feuilleton ubuesque nous explique comment la carcasse d'un cheval roumain peut se retrouver dans une assiette anglaise(sans jeu de mots) sous l'appellation de lasagnes au boeuf, fabriquées au Luxembourg pour le compte d'un grande marque qui achète ses produits à un industriel, qui se fournit auprès d'une entreprise basée à Carcassonne, dont les appels d'offres passent par un trader chypriote (il paraît que cela existe, le trader chypriote), lui-même en relation avec l'un de ses confrères néerlandais !
On comprend l'énervement des autorités britanniques, non seulement en raison du haut-le-coeur culturel des sujets de sa Très Gracieuse Majesté à l'idée de croquer de la viande chevaline, mais surtout face à ce qui s'apparente à une fraude très bien organisée.
Ne doutons pas que la nécessité d'un renforcement des règles de traçabilité des produits va s'imposer naturellement, y compris pour les restaurateurs. Coïncidence ou non, un groupe de députés emmenés par Fernand Siré - élu des Pyrénées Orientales qui s'était déjà illustré sur le thème de la traçabilité des cartes de restaurant l'an dernier -, vient de déposer deux propositions de loi, l'une instaurant l'obligation de formation pour les futurs restaurateurs, l'autre visant à préciser les conditions d'élaboration des plats sur les cartes de restaurant (lire en page 22 de ce numéro).
Sous la pression de l'actualité, il appartient à la profession de conduire une réflexion approfondie sur les attentes de sa clientèle dans le domaine de l'information délivrée par les établissements, qu'il s'agisse de la provenance comme des conditions d'élaboration des plats. Il y va de la crédibilité de l'ensemble de la filière à tous les niveaux, et ce ne sera pas simple.
Publié par L. H.