Alors que la concertation sur le bilan du contrat d'avenir, dont les conclusions étaient loin d'être défavorables aux restaurateurs, n'était pas encore achevée, le Gouvernement annonçait unilatéralement des hausses de TVA à partir de janvier 2014 dans le cadre du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi sensé relancer une économie passablement encalminée. Sur ce point, espérons que le pari de Matignon de recréer les conditions de la croissance par le biais d'allégements substantiels de charges sur les salaires ne sera pas annulé par les hausses qui ciblent précisément les secteurs, comme l'hôtellerie-restauration ou le bâtiment, à forte intensité de main d'oeuvre.
Mais la gouvernance ministérielle, pour employer un terme de plus en plus galvaudé, souffre incontestablement du sens du dialogue avec les entreprises, tantôt stigmatisées au nom d'une complaisance idéologique surannée, tantôt appelées à la rescousse au nom du patriotisme économique dont le contenu semble à géométrie variable.
Le dernier exemple de ces contradictions fut l'intervention de Madame Pinel devant le congrès de l'Umih à Dijon la semaine dernière. Revenant sur un amendement parlementaire proposant d'instaurer une taxe sur les chambres des hôtels à partir de 200 € la nuit, amendement rejeté par le Gouvernement, Mme Pinel a été bien obligé d'annoncer qu'une telle mesure est à l'étude, probablement dans le projet de loi de finances rectificative qui ne manquera pas d'être voté au printemps prochain. Inutile d'être un spécialiste de la procédure parlementaire pour comprendre qu'il s'agissait d'un ballon d'essai destiné à informer sans concertation aucune les intéressés .Tout comme les industriels, les exploitants d'établissements de haut de gamme, qui emploient des milliers de salariés et contribuent largement à notre balance des paiements, méritent de la part des pouvoirs publics un minimum de considération. Faut-il demander au ministre du Budget de relire Le Lion d'Oscar Wilde ? Afin de s'éviter des déboires à venir dans les urnes.