Devant le portrait du tsar Nicolas II accroché au dessus des petites tables nappées, la volubile Elisa Bedrossian peine à dissimuler son désarroi. “Je suis née en Arménie. Ancienne juriste, je suis devenue restauratrice en 2017. Il y a encore 15 jours, on faisait la queue pour manger nos pelminis [spécialité de l’Oural], mais depuis l’invasion russe, j’ai perdu plus de 50 % de ma clientèle”, explique la gérante de la Cantine des Tsars à Paris (Ier) avant d'ajouter. “Deux clientes ont terminé leur repas avant de crier au milieu des clients 'Vive l’Ukraine ! Vive l’Ukraine ! '. Des gens devant le restaurant disent qu’il ne faut pas rentrer, d'autres poussent des cris et invectives dans la rue. Les cheveux de la figurine placée à l’extérieur ont été arrachés. Un prétendu député LREM m’a rabroué au téléphone. Je vais appeler l'Assemblée nationale pour savoir s'il existe. J'ai noté son portable. Mes employés ont très peur ”, s’inquiète la restauratrice.
Menaces de mort
Même son de cloche à Lille, où les deux gérantes - l'une ukrainienne l'autre russe - du restaurant Baba Yaga ont mis en ligne une lettre de menace qu'elles ont reçue. “Vous n’avez plus qu’à quitter la France dans les meilleurs délais !”, signe une main anonyme. Les restaurants lyonnais Roi Alexandre et la Volga (IIIe) sont aussi enjoints à quitter la France avec menaces de mort à l’appui. Cette russophobie qui s’exprime envers des restaurateurs qui ne sont parfois même pas de nationalité russe, ne se limite pas aux établissements de gastronomie slave. Une chaîne de restaurants spécialisés dans un plat québécois à base de frites, fromage et sauce brune, la poutine, croule sous les insultes au point de devoir rappeler en ligne que ce plat a été fondé en 1950 au Québec et que la Maison de la Poutine soutient le peuple ukrainien.
En raison de la multiplication des incidents, les restaurateurs russes feraient l’objet d’une vigilance particulière de la part de la police lors de ses patrouilles.
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Publié par Francois PONT