Les membres du jury du concours Archi Jeunes étaient réunis à Paris (VIIe), le 20 avril, pour délibérer. Face à eux, une dizaine de projets d’architectes en dernière année d’études ou jeunes diplômés, sur le thème de l’hôtel de demain et son rôle dans la ville. Initié par l’agence Valode & Pistre Architectes – à qui l’on doit aussi bien l’hôtel Bulgari à Paris (VIIIe) que des hôtels économiques Eklo -, ce concours bisannuel a été imaginé en pleine crise sanitaire, avec l’envie de savoir ce que le Covid allait changer dans notre vie collective et individuelle. Quel impact aura-t-il, à long terme, sur nos comportements et en particulier sur ceux liés à notre façon d’habiter, de vivre, de travailler...?
Pour cette deuxième édition d’Archi Jeunes, l’idée était donc de repenser l’hôtellerie en fonction du contexte urbain et social actuel. L’occasion d’intégrer aussi des activités pour créer des espaces hybrides adaptés au monde d’aujourd’hui, sans négliger l’enjeu environnemental – construction, aménagement, dépenses énergétiques, utilisation de l’eau…-, ni la difficulté de recrutement du personnel. Parmi les membres du jury, qui change chaque année selon la thématique du concours, citons la présence du chef pâtissier Pierre Hermé, de Brune Poirson, directrice du développement durable chez Accor, ou encore de Serge Trigano, cofondateur de l’enseigne Mama Shelter.
“L’hôtel se fait solution de problématiques sociales et sociétales”
À l’issue d’une délibération qui a fait quasiment l’unanimité, trois projets engagés se sont hissés sur le podium. À savoir 'Totem' de Marine Szymczak, où le site des silos du port Colbert à Reims sert de toile de fond. Un travail avec l’existant et une réinitialisation de l’espace pour des chambres pensées comme de petites cellules rondes. 'In Motion' de Lou Randé et Juliette Escot, où l’hôtel bâti sur des pieux vissés, sans impact sur le terrain, s’apparente à une accumulation de boîtes de 24 m2 chacune, avec cloisons modulables, mobilier escamotable, qui peuvent se transformer en chambres, en suites, en bureaux... Quant au projet '65 rue d’Aubagne', que l’on doit à Anissa Le Scornet et Enora Cloitre, il se veut lieu de vie, sans couloirs, où les voyageurs cohabitent avec des seniors en situation de précarité.
“J’ai été conquise par la réflexion sur la ville de demain, menée par ces jeunes. Pour eux, l’hôtel appartient à une ville vivante et se fait solution de problématiques sociales et sociétales. Ce qui fait écho à notre façon de penser l’hôtellerie chez Accor, avec des établissements ouverts sur la ville et sensibles aux aspects locaux”, confie Brune Poirson. Quant à Serge Trigano, à l’issue des délibérations, il voulait embaucher Marine Szymczak… Mais le premier prix remis à cette lauréate comprend déjà un CDD de 6 mois chez Valode & Pistre, assorti d’une enveloppe de 8 000 €. “Ce concours, c’est un peu comme donner un coup de pied dans une fourmilière”, commente l’architecte Denis Valode. Une façon de bousculer les idées reçues, avec une nouvelle génération d’architectes “à l’origine d’une vision créative et innovante” de sujets qui feront notre quotidien de demain.
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Publié par Anne EVEILLARD