La pandémie s’est soldée par une explosion des paiements sans espèces, ou cashless, via les smartphones et les cartes bancaires. 8 Français sur 10 utiliseraient la carte bleue au restaurant d'après une étude SumUp/OpinionWay de 2021. Une évolution que Rudy Guénaire, cofondateur du groupe de restaurants de burgers PNY, appelle de ses vœux. Depuis plusieurs années déjà, l’enseigne appose en vitrine un sticker explicite : “Paiement cashless, cash refusé”. “Rue du Faubourg Saint-Denis, à Paris, on se faisait cambrioler une fois par mois. Pour éviter les risques de braquage et renforcer la sécurité des employés, on a choisi ce moyen radical. On voulait aussi montrer à nos clients qu’on ne faisait pas de black et que nos salariés étaient payés officiellement. Le cashless permet de fluidifier le service, car les espèces prennent un temps fou. Enfin, il y a toujours des erreurs de caisse difficiles à expliquer en fin de service. Cela finit par abimer la relation de confiance avec les équipes. Le cashless met fin à cette situation embarrassante”, détaille-t-il. Aujourd’hui, chez PNY, 95 % des paiements se font sans espèces, par carte bleue, Apple pay, Lydia, ou avec des tickets-restaurants. “Pour les moins de cinquante ans, le paiement cashless n’est pas un sujet. Les plus de cinquante ans posent des questions. Les plus de soixante ans se révoltent. On accepte le cash si les gens insistent, sinon c’est illégal”, sourit-il.
En effet, l’article R642-3 du code pénal punit d’une contravention de 2e classe, soit 150 € maximum, tout refus de paiement en espèces. À quelques exceptions près. Le commerçant n’est pas tenu de rendre la monnaie et peut légitimement refuser d’accepter plus de cinquante pièces lors d’un paiement en espèces. De même, les paiements sont limités à un plafond de 1 000 € en liquide entre particulier et professionnel. Hormis ces questions de montants, les magasins ont aussi le droit de rejeter des billets et pièces faux, en très mauvais état ou d’une devise étrangère. Le ministère de l’Intérieur précise également qu’il est possible de refuser le paiement en espèces pour “des raisons d’ordre public ou techniques”. Par exemple, des commerçants en horaires de nuit peuvent refuser le paiement en espèces, par mesure de sécurité.
Simplifier la gestion
À Bordeaux, La Boca Foodcourt impose dès 2018 un système de paiement entièrement dématérialisé. Les clients peuvent créditer du montant de leur choix une carte rechargeable, via des bornes ou auprès des hôtesses d’accueil, puis payer à chaque corner du foodcourt. “La Boca ayant un fonctionnement particulier, le paiement cashless permet de simplifier la gestion et de la sécuriser, via une plateforme commune d’encaissement, explique la directrice, Laurence Favre-Bertin. Par ailleurs, ce système accélère les transactions, fidélise les clients et évite les manipulations d’espèces, ce qui est plus hygiénique quand quelqu’un de la cuisine doit encaisser. C’est aussi pratique lors de privatisations : les entreprises paient une précommande de cartes cashless, que les invités peuvent recharger à volonté.” Mais ce système cashless, très courant dans les festivals de courte durée, peut paraître “trop contraignant pour une typologie de clientèle plus large”. La Boca Foodcourt a donc fini par équiper également chaque corner avec des terminaux de paiement électronique, pour des paiements en carte bleue.
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Publié par Violaine BRISSART