Trois jours après l'extrême agitation de la nuit de mardi 20 octobre, Yolande Budzynski est encore en colère. La restauratrice, qui tient le Café de la gare à Moirans (Isère), se sent abandonnée. Son restaurant, et même la maison familiale où vit encore sa mère de 94 ans, a failli partir en fumée. "Je suis en pétard. Ils ont fait évacué la mairie, et nous qui sommes tout à côté, personne ne nous a avertis. Les pompiers ne sont même pas venus ! Sans l'intervention d'un monsieur que je ne connais même pas, la maison aurait flambée. Je lui dois une fière chandelle", explique la propriétaire du restaurant, créé en 1946 par ses parents, Hélène et Émile Faure.
Tout s'est passé très vite. Suite au refus de libération de prison d'un jeune homme issu de la communauté des gens du voyages de Moirans, dont le frère devait être inhumé le mercredi, un mouvement de violence a agité la ville durant la nuit. Les médias ont insisté sur la coupure de la RD 1085 et de la voie ferrée avec des carcasses de voiture et des pneus incendiés. Mais deux voitures en flammes ont aussi été jetées contre la façade du Café de la gare, tout proche. Impossible de limiter, avec les extincteurs, la progression de l'incendie, qui s'est attaqué d'abord à la terrasse, puis à la façade, menaçant très vite le premier étage et même la toiture.
Une zone en chantier
Le feu est trop violent. Un homme qu'elle ne connaît pas rejoint Yolande Budzynski. Il lui demande un couteau pour couper un tuyau sur
le chantier tout proche - un nouveau parking en construction. Et
c'est grâce à ce tuyau qu'il parvient, non sans mal, à éteindre le
feu qui menace la bâtisse.
Yolande Budzynski se demande aujourd'hui si elle pourra financer les
travaux de rénovation envisagés pour redonner du lustre à
l'établissement. "J'ai déjà perdu 80 % de mon
chiffre d'affaires. Pour ce chantier, les deux routes
qui conduisent à mon établissement ont été coupées. Il y a de la
boue partout. Les ouvriers viennent encore, mais plus
ceux de Centr'Alp, la zone d'activité toute proche",
indique-t-elle. Fermé mercredi sur la demande de la mairie, le Café de la gare
a rouvert dès jeudi sa table aux quelques rares clients qui osent
encore pousser la porte. À 69 ans, la restauratrice veut encore y croire. L'expert
d'assurance doit passer lundi.
Publié par Nathalie RUFFIER