Bpifrance déploie sa branche investissement dans le tourisme et les loisirs

Cette structure intervient en apport de fonds propres dans le montage de projets innovants et a accompagné une dizaine d'entreprises en 2013.

Publié le 02 avril 2014 à 17:53

Dans le domaine des prêts à l'hôtellerie, rares sont ceux qui ne connaissent pas Bpifrance (anciennement Oseo), dont la branche financement permet aux professionnels d'emprunter à moyen et long terme (grâce notamment aux prêts de développement) et apporte sa garantie aux banques lors du montage des prêts.

La branche financement du groupe, Bpifrance Investissement, est moins connue. Cette nouvelle structure a pris la place d'Avenir Tourisme, qui était destiné à renforcer les capitaux dans le montage de projets touristiques. Elle intervient en apport de fonds propres et a accompagné en 2013 une dizaine d'entrepreneurs du secteur tourisme-loisirs. Son portefeuille comprend 44 participations pour 57 M€ d'investissement cumulé. Sur les douze derniers mois, Bpifrance Investissement a même doublé le rythme de son activité.

"Nous avons un métier différent. Nous intervenons dans les dossiers de financement par la prise d'une quote-part dans le capital de la société", déclare Fanny Letier, directrice de Bpifrance Investissement régions. "Cette prise de participation, toujours minoritaire, est un dispositif d'accompagnement d'un projet touristique important, et a une durée comprise entre cinq et dix ans", renchérit Serge Mesguich, directeur délégué.

 

Un partenaire du développement des entreprises

Bpifrance, dont les deux actionnaires sont l'État et la Caisse des dépôts, n'est pas un partenaire comme les autres. "Nous participons au développement de l'entreprise dans laquelle nous sommes actionnaires. Nous l'accompagnons au quotidien, ce qui peut nous conduire par exemple à l'appuyer dans sa recherche de financements complémentaires, à faciliter la mise en place d'outils de pilotage et à contribuer à la réflexion stratégique", souligne Fanny Letier.

Le groupe a élargi les conditions et les champs d'intervention. Ainsi, même si la cible reste la même (les entreprises concernées sont celles du secteur du tourisme, de l'hôtellerie, de la restauration et des loisirs), les participations sont plus importantes. La fourchette d'intervention classique se situe entre 300 000 € et 4 M€, pour des entreprises qui réalisent plus de 2 M€ de chiffre d'affaires par an. Les tickets peuvent aller jusqu'à 10 M€ voire plus sur des établissements de taille intermédiaire ou des grandes entreprises.

Autre amélioration majeure : alors qu'Avenir Tourisme était une structure nationale, la branche investissement de Bpifrance est implantée dans toutes les régions et se positionne comme un interlocuteur de proximité. "Nous avons six référents répartis dans six grandes régions [Sud, Sud-Est, Grand Est, Île-de-France, Nord et Ouest, NDLR] et deux permanents à Paris, précise Fanny Letier. Des chargés d'affaires spécialisés dans les opérations en fonds propres sont présents dans chaque direction régionale". Un dispositif que Bpifrance souhaiterait élargir car Paris et la région Paca représentent encore la plus grande partie des interventions sur des fonds privés.

 

Des projets innovants dans tous les secteurs

Depuis que la structure existe, Bpifrance est entré et sorti du capital d'une centaine d'entreprises telles les groupes B&B Hôtels et Lameloise, ou les Relais de Paris. Récemment, de nombreuses entreprises innovantes l'ont désormais comme actionnaire : MMV (résidences de tourisme), la société des Bains (anciennement Bains-Douches), le groupe Fousse (enseignes First Inn et Suite Home), l'hôtel Mont-Blanc à Chamonix (famille Taittinger), mais aussi les Relais Thalasso détenus par la famille Phélippeau. Bpifrance intervient aussi en restauration et est entré dans le capital de la chaîne de restaurant Tommy's Diner.

"Ces sociétés nous sollicitent à l'occasion de leurs plans de développement, du lancement d'une marque ou pour financer leur croissance ou leur transmission", précise Fanny Letier. Toutefois, face à la forte attractivité du marché de l'investissement sur ce secteur, les dirigeants de Bpifrance gardent la tête froide et mettent des limites à cet engouement. "Beaucoup trop de personnes veulent investir dans l'hôtellerie en pensant que c'est de l'immobilier 'plus'. C'est une erreur. Nous leur disons que l'hôtellerie repose sur trois fondamentaux : un emplacement, une équipe et du professionnalisme. Nous sommes très attentifs à ce que ces trois éléments clés soient réunis dans chaque projet", détaille Serge Mesguich.

Convaincu toutefois de l'existence de projets innovants dans le secteur du tourisme, Bpifrance propose d'autres outils financiers comme les fonds mezzanines (quasi fonds propres). Il s'agit de "sortes de prêts sans garantie, remboursables partiellement, mais avec accès au capital". À l'heure où grandissent les réseaux, notamment de franchisés attirés par les ventes de murs de leur franchiseur, de tels dispositifs sont du pain béni. Il importe juste, pour ces hôteliers, de les connaître et de savoir s'en servir.


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Publié par Catherine AVIGNON



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