Le nom d'Eyal Shani ne vous dit peut-être rien, mais en Israël, son pays d'origine, ce chef - maintes fois récompensé et juré de l'émission Masterchef - n'a de cesse de faire parler de lui pour son côté décalé. Sa cuisine se déguste dans trois restaurants de Tel Aviv : Le Salon, un gastronomique sous forme de 'One Man Cooking Show', ouvert deux fois par semaine (ambiance boîte de nuit, cuisine préparée directement sur la table) ; Tsfon Abraxas, un bistro-chic ; et Miznon, un fast-food déclinant la pita. Trois styles différents mais avec la même volonté : privilégier des recettes simples, la fraîcheur et la qualité des ingrédients locaux.
David Moyal, gérant de Miznon à Paris, se souvient : "J'ai été bluffé par l'énergie du chef et l'ambiance des restaurants, avant même d'apprécier sa cuisine". À tel point que, un brin culotté, ce trentenaire propose à Eyal Shani d'installer le concept en France. L'idée plait au chef israélien. Fin 2012, les démarches sont engagées. Outre les échanges par téléphone et e-mail, Eyal Shani est "venu trois fois à Paris, notamment pour approuver l'emplacement". C'est dans le quartier du Marais (Paris, IVe) qu'ouvre fin octobre 2013 Miznon (buffet en hébreu) dans un local de 100 m2. 100 000 € ont été investis dans les travaux. La cuisine est ouverte sur une première pièce qui dispose d'un long bar (8 places) et d'une table (6 places). Une seconde salle de 35 couverts bénéficie d'une ambiance plus intimiste.
Le mobilier a été chiné par David Moyal : des tables et chaises disparates, un parquet réalisé avec des lattes différentes, des buffets à l'ancienne. Clairement originale, la décoration se compose de caisses de choux-fleurs empilées. Symboles de Miznon, ceux-ci remplacent les frites et sont servis comme accompagnement des pitas avec une sauce, après avoir été blanchis et grillés au four. D'autres légumes (mais, patates douces, piments…) sont également disposés aux quatre coins des pièces.
Légumes de saison
Au menu, donc, la pita - "petit pain poche provenant d'Israël", précise David Moyal - garnie avec de la viande, du poisson ou des légumes. Au choix par exemple : steak minute, boeuf bourguignon, kebab d'agneau, poisson épicé, kebab de poisson, ratatouille, oeuf. Compter de 6 à 11,50 € l'un. L'avantage de ce sandwich : son faible apport calorique. On y met en effet beaucoup de légumes de saison. Quatre sauces (orientale, crème de sésame, parfum de tomates et pickles) sont en libre-service. Côté sucré, deux pitas tarte Tatin ou banane-chocolat (3,50 €).
"Ce sont les mêmes recettes qu'à Tel Aviv, hormis le Bourguignon qui a été créé spécialement pour la France. Le sous-chef de Eyal Shani, Loren Abrahmovitch, est actuellement à Paris pour un an. Il forme les quatre employés en cuisine", ajoute David Moyal. Car chez Miznon, il n'y a pas de service. Quand la commande est prête (100 tickets par jour du lundi au samedi, et 200 le dimanche), un cuisinier hurle le prénom du client. Le volume sonore est généralement élevé. "Cela donne un côté brut. Mais l'idée est de faire comprendre aux clients l'importance de l'assiette plutôt que du décor" conclut David Moyal. C'est cela, l'esprit Miznon.
Publié par Hélène BINET