Les candidats à la présidentielle la citent comme un moyen de lutter contre le chômage et de mieux insérer les jeunes dans le monde du travail. L'alternance a tout pour séduire, mais sur le terrain, elle n'est pas si simple à concrétiser. C'est ce qui ressort d'une étude menée par l'institut Viavoice, en mars dernier auprès de 501 salariés, à la demande de la Fondation Institut national de formation et d'application (Infa). Principal constat de cette enquête : "même si la formation en alternance est une idée saluée et défendue, notamment par les dirigeants politiques, elle décourage par la lourdeurs des démarches administratives pour les PME/TPE (70 %) et la difficulté à trouver une entreprise d'accueil pour les alternants (77 %)."
Selon ce premier baromètre de l'alternance, amené à être renouvelé chaque année, 80 % des personnes interrogées pensent que l'alternance permet l'intégration de nouveaux profils de compétences et 64 % estiment que celle-ci constitue une opportunité d'innovation pour les entreprises. Autre avantage du dispositif : il permet de rééquilibrer les chances d'insertion sociale entre les étudiants, pour 80 % des salariés sollicités par Viavoice. Et ce n'est pas Erwan Berges qui dira le contraire. Après avoir quitté le collège sans son brevet, il est aujourd'hui, à tout juste 20 ans, en première année de BTS Hôtellerie-Restauration et en alternance à l'hôtel Explorers, à Magny-le-Hongre (77). Actuellement commis de salle, il sera promu chef de rang à la fin de sa première année de BTS. "L'alternance, explique-t-il, c'est se lever tous les matins avec l'envie d'aller sur son lieu de travail, pour apprendre le savoir-faire des professionnels et être dans le concret." C'est lors d'une journée portes ouvertes au Manoir Infa à Gouvieux (60) qu'il a pris conscience qu'une autre voie était possible sans brevet.
Chaque année, 1 000 apprentis et 1 500 personnes en contrat de professionnalisation sont formés à l'Infa. En 2016, rien qu'en Ile-de-France, 97 jeunes ont été accueillis dans le cadre du dispositif 'passerelle' d'accès à l'apprentissage. Un bilan qui incite Christian Laine, président de l'Infa, à demander aux politiques en campagne de faire de l'alternance "une voie prioritaire d'accès à l'emploi » ou encore « expérimenter, pour les secteurs économiques en tension, un contrat parcours pour les personnes les moins qualifiées afin de les préparer à l'entrée dans un emploi durable".
Publié par Anne EVEILLARD