Avec son architecte, Alexandre Bourdas imagine les différents étages, la fluidité entre les espaces, la cuisine… Mais dès les premiers coups de pioche, les surprises s'enchaînent. Le bâtiment qui était déclaré sans plomb, non seulement en contient mais de l'amiante aussi. La façade sera aussi une déception. Les Bâtiments de France acceptent le projet consistant à remettre au jour les briques rouges qui finalement s'avèrent trop abîmées. Il faudra donc réaliser de nouvelles briques pour que le résultat soit conforme au projet. Même la cuisine ne rentrait plus dans l'espace prévu en raison de nouvelles dimensions imposées par les travaux. A chaque étape, un coup du sort qui fait perdre du temps et de l'argent.
« Pour limiter les coûts, avec mon architecte, nous avions tablé sur des travaux d'une durée de 4 mois. Pour l'enveloppe des travaux, nous sommes au-dessus mais c'est encore dans les clous. En revanche, avec mon comptable, nous avions provisionné 6 mois en perte d'exploitation pour voir large. Or nous en sommes à presque 9 mois. On ne voulait pas fermer l'entreprise, mais 9 mois avec les encours, les coûts de la masse salariale, etc. On a plongé. La société est en péril en raison de la malchance. Nous étions obligés de faire ces travaux. Ce n'est pas de l'embellissement. Nous avons demandé de l'aide, notamment avec la prise en charge en chômage technique. On a toujours cotisé et dans les moments où on a besoin d'aide. Aucune compréhension. C'est décevant ! », confie Alexandre Bourdas.
« ce qui est triste, ajoute-t-il, c'est que tu mets dix ans à mettre en place une société qui fonctionne et aujourd'hui, on repart totalement à zéro financièrement. Evidemment, c'est plus un emplacement qu'un immeuble que nous voulions conserver. Les banques nous ont suivis parce que nous avions une certaine notoriété. Et nous ne pourrions pas redémarrer si nous n'étions pas connus. J'en ai conscience. J'espère seulement que les clients vont vite revenir ».
Que vont découvrir les clients ? La Maison SaQuaNa. « C'est une autre vision du restaurant, comme une maison bourgeoise avec une petite cuisine ouverte, pas ultra technique, où l'humain et le geste sont essentiels, insiste Alexandre Bourdas. Je n'aime pas l'idée d'une cuisine de production. J'ai choisi un piano qui est conçu pour cuisiner pas pour produire. Je suis un artisan cuisinier. Tout est au gaz car j'ai besoin d'un dégagement de chaleur, de la flamme ». Tout est fait sur mesure, le mobilier de la salle à manger, la serrurerie, etc. Alexandre Bourdas a misé sur les matériaux bruts et beaux, des couleurs chaudes et naturelles pour une ambiance conviviale, décontractée, où l'on vit. Les clients seront surpris par les lieux, même si le nombre de couverts est toujours limité à 30, mais ils ne seront pas décontenancés par la carte. Ils retrouveront des plats qui ont fait leurs preuves tout en en découvrant de nouveaux. La formule du menu unique (commandé en partie ou en entier) est conservée.
Publié par Nadine LEMOINE