Au terme de ses études, Cyril Aouizerate aurait dû être prof de philo. Discipline à laquelle il s’est formé au Mirail à Toulouse (Haute-Garonne), puis à la Sorbonne et même jusqu’à Jérusalem. Mais, en cours de route, il a bifurqué vers l’hôtellerie et la restauration. D’abord en co-fondant les hôtels Mama Shelter, puis en donnant vie à l’enseigne MOB, qui compte déjà deux hôtels à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et un à Lyon (Rhône). Cet“ artisan hôtelier”, comme il se définit, vient de publier Penser l’hospitalité, co-écrit sous forme de dialogue avec la normalienne et docteur en philosophie Gabrielle Halpern. En 160 pages, ils échangent sur l’hybridation, les approches pluridisciplinaires, la RSE, les tiers-lieux… Cyril Aouizerate insiste sur l’importance d’avoir un hôtel ouvert sur un quartier, une ville, un territoire. Il pointe l’importance de “faire entrer la nature dans des lieux urbains”.
Il souligne aussi un réel intérêt pour l’artisanat et voit l’artisan du futur à la fois “connecté, libre et capable de demeurer en écho avec le reste du monde”. Enfin, il parle de “modularité des habitats”, au gré des moments et des activités de la journée. D’où les meubles et objets mobiles qu’il installe dans les chambres de ses hôtels. Cyril Aouizerate confie “faire des choses impensées, mais pas insensées”. Avec lui, pas de télé dans les chambres, mais des interviews de Francis Bacon et Max Ernst en fond sonore dans les toilettes. Car, pour ce visionnaire, l’hospitalité, c’est bien plus que “la simple question du gîte et du couvert”.
Penser l’hospitalité, par Cyril Aouizerate et Gabrielle Halpern • Éditions de l’Aube • 160 pages • 17,50 €
Publié par Anne EVEILLARD