Vin : quelles alternatives aux bouteilles à usage unique ?

Selon une étude de l’Ademe, 46 % des émissions de CO2 d’une entreprise viticole résultent de la fabrication et du transport des bouteilles en verre. Sans oublier leur recyclage, énergivore… Dès lors, des restaurateurs explorent d’autres solutions, comme les canettes, le vrac, les BIB ou la consigne.

Publié le 16 août 2024 à 10:00

► Le Bag-in-box (BIB) : pratique

Pour Frédéric Goubet, fondateur de Vignerons en boîte (vin nature en BIB), cette solution offre trois principaux avantages : “C’est plus économique qu’à la bouteille, l’empreinte carbone est bien moindre qu’une bouteille de verre, et le BIB permet de conserver le vin nature deux semaines après ouverture, sans oxydation.”

Denis Pommeray, propriétaire du Domaine de Rozan (hôtel-restaurant en Isère), utilise quasi-exclusivement les BIB de Vignerons en boîte : “C’est simple à stocker, et pratique pour servir le vin au verre ou au pichet, ou lorsque vous recevez des groupes. Lors de mariages, les clients sont plus attachés à l’esthétique. Dans ce cas, soit on remplit des bouteilles, soit on place les BIB à l’intérieur de petits tonneaux en bois.”

Le bémol ? Le carton et sa poche en plastique, pas toujours triés, peuvent finir à l’incinérateur…

► Le vin en vrac : anti-gaspillage

Le bistrot méditerranéen Matza, à Marseille, propose une quarantaine de références de vins, dont deux à la tireuse. Son propriétaire, Mathieu Zard, a fait appel à Château Pompette qui commercialise des vins bio, sourcés en circuits courts, et conditionnés dans des fûts réutilisables de 25 litres (seule la poche en aluminium est recyclée). Les fûts sont reliés au système de tireuses, et lorsqu’ils sont vides, Château Pompette vient les remplacer avec de nouvelles sélections. Autre avantage : le vin se conserve pendant plusieurs mois, une fois le fût percuté. “Ce système évite le gaspillage pour le vin au verre et les pichets. Ouvrir une bouteille de rouge l’été, et ne pas la passer dans la soirée, c’est la condamner, note le gérant. En plus, on n’a pas à aller jeter des bouteilles vides. Le seul inconvénient, c’est la place que nécessite l’installation avec les becs.”

 

► Le vin en canette : nomade

Inspirée par les États-Unis et le Royaume-Uni où les ventes de vin en canette cartonnent, l’œnologue-sommelière Brigitte Desprès a créé La Robe du vin, déclinant douze références de vin en canette. “Une canette conserve toutes les qualités organoleptiques, elle est recyclable à l’infini et huit fois moins énergivore que trois bouteilles en verre à usage unique. Elle permet une consommation nomade et raisonnée, puisqu’elle contient l’équivalent de deux verres de vin. Elle est aussi connectée : grâce à un QR code, le consommateur bénéficie de quelques minutes d’immersion vidéo dans le vignoble”, précise-t-elle. 

Un “produit original” qui a séduit Pierre Teillet, propriétaire gérant du restaurant américain Le Dépanneur (Deux-Sèvres) : “Nous avons une grande devanture de boissons et un service au comptoir. La canette simplifie le service. Cela peut faire un peu peur au début, surtout en milieu rural. Mais les personnes qui ont goûté au vin en canette l’ont adopté, quel que soit leur âge.” 

 

►La consigne : vertueuse

Selon Thomas Lemasle, cofondateur des vins consignés Oé, le réemploi des bouteilles permet d’économiser “51 % d’eau, 76 % d’énergie et 79 % de CO2 par rapport à la fabrication d’une nouvelle bouteille”. Une bouteille en verre consignée peut être utilisée “de 30 à 50 fois avant d’être finalement recyclée”. Enfin, “à vin comparable, pas de surcoût”, assure-t-il.

Dans son foodcourt parisien Hoba, Johan Afriat affiche 80% de vins en consigne : “Il faut de l’espace pour stocker les bouteilles vides, en attendant que le distributeur passe, deux fois par semaine. Il faut aussi optimiser les trajets, pour que le véhicule du distributeur soit plein, à l’aller comme au retour. Mais c’est le sens de l’histoire. Avec les événements en Ukraine, le prix du verre a explosé. On entre dans une ère où les choses qui semblaient gratuites ne vont plus l’être. Il faut s’y préparer, même si aujourd’hui, les clients n’y sont pas forcément sensibles.”


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Publié par Violaine BRISSART



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