• 17 heures : Niché à deux pas des Champs-Élysées, le restaurant Lasserre
(Paris, VIIIe) est étoilé au guide Michelin.
C'est ici que Benoît Paty a fait ses premières armes de liftier. Préposé
à l'ascenseur, il accompagne les clients dans la montée et la descente des
étages. Un métier profondément tourné vers le bien-être des clients.
• 17 h 20 : Benoît Paty enfile son costume de liftier :
pantalon noir sur veste rouge brodée à col Mao, avec galons et boutons dorés. À
l'instar des voituriers, portiers, bagagistes, chasseurs et grooms, le hall est
son royaume. Dans les établissements moins prestigieux, c'est une seule et même
personne qui assume tous ces rôles. Mais ici, le jeune homme est le seul
responsable du bon fonctionnement des ascenseurs. Il démarre sa journée de
travail en vérifiant la propreté des lieux. L'ascenseur d'abord. Du sol au
plafond, en passant par le miroir, les dorures et l'éclairage. Les salons d'accueil
ensuite : aspirateur, positionnement des magazines, des coussins… Rien ne
lui échappe. "Les salons sont souvent la porte d'entrée des clients, qui
attendent leurs convives. Nous veillons donc à ce que tout y soit parfait."
• 18 h 15 : À l'étage, dans la salle du restaurant, Benoît Paty
aide à la préparation du service. Ses collègues disent d'ailleurs de lui que c'est
un professionnel, capable de "remplacer au pied levé bon nombre de postes en
restauration". Polyvalent, mais surtout très observateur, il a appris avec
le temps à décrypter les différents postes de la profession. "Si vous êtes
capable de la patience et de la rigueur que demande ce travail, alors, vous
pouvez prétendre à monter très vite en grade", assure t-il.
• 18 h 45 : Le responsable de la salle, le maître d'hôtel, les
serveurs et chefs de rang se réunissent pour un briefing. Le liftier assiste
toujours à cette réunion quotidienne. Si la cuisine du jour est abordée, ce qui
intéresse surtout Benoît Paty, c'est la liste des convives. Les personnalités
présentes, leurs noms ainsi que leurs souhaits éventuels sont évoqués. Benoît Paty
n'en perd pas une miette. "C'est un métier où la mémoire est capitale. Être
physionomiste est également indispensable pour reconnaître les clients d'un
coup d'oeil."
• 19 heures : Après avoir dîné rapidement avec ses collègues, il
prend son service. Posté devant l'ascenseur, à l'entrée du restaurant, Benoît Paty
patiente. Lorsque les premiers clients débarquent, le rituel est immuable. Le
maître d'hôtel accueille, le liftier salue en n'omettant jamais de nommer le
client par son nom. "Personnifier le service est capital", insiste t-il
d'une voix douce mais ferme.
• 19 h 10 : Benoît Paty entre dans l'ascenseur. Avec bonne
humeur, sachant trouver le mot juste, en français comme en anglais, il
accompagne le client jusqu'à sa table. Les navettes entre le premier étage et
le rez-de-chaussée se multiplient. À chaque fois qu'un client quitte sa table
pour redescendre, que ce soit pour quitter l'établissement ou sortir quelques
instants pour téléphoner notamment, c'est à Benoît Paty qu'incombe la tâche de
les accompagner. "C'est souvent dans l'ascenseur que les clients en
profitent pour poser des questions. Cela peut concerner l'histoire du
restaurant, la gastronomie française, le chef cuisinier. Il faut être en mesure
de répondre à toutes sortes d'interrogations." Les difficultés du
métier ? "Rester statique pendant de très longues périodes et garder
une concentration à toute épreuve."
• 1 heure : Benoît Paty suit discrètement le service. Si
certains moments sont beaucoup plus calmes pour lui, il ne s'ennuie pas. Peu de
liftiers exercent encore à Paris. "Beaucoup de restaurants ou d'hôtels n'en
emploient plus du tout, ou bien embauchent sur des postes beaucoup plus
polyvalents." Une chose est sûre : ce métier est un formidable
tremplin pour entrer dans l'univers du luxe. Et à terme, évoluer vers les
métiers de l'accueil.
Publié par Mylène SACKSICK