Qu'est-ce qu'un crédit professionnel ?
C'est un contrat de crédit exclusivement réservé aux professionnels (PME, TPE, commerçants, artisans, professions libérales) et contracté uniquement pour un usage professionnel.
Dans le secteur de l'hôtellerie restauration, on est, en général, confronté pour la première fois au crédit professionnel lorsqu'on se met à son compte en créant ou en reprenant une entreprise via l'acquisition d'un fonds de commerce, d'un établissement, d'une location-gérance, qu'il s'agisse d'un restaurant, d'un bar, d'une bar-brasserie ou d'un hôtel. Un créateur aura besoin, par exemple, de constituer un fonds de roulement et de supporter des frais de démarrage (ex.: frais de constitution de société, frais de greffe, frais de publication au Bodacc...). Un repreneur, quant à lui, aura besoin de financer le coût d'acquisition du fonds, mais parfois aussi du matériel de production (cuisine centrale, machine à café, frigo...). Parfois la reprise de l'entreprise se fait en rachat de parts sociales. Là aussi on a recours au crédit professionnel.
Mais le crédit professionnel est également utile aux professionnels déjà à la tête de leur établissement. Ainsi, un chef d'entreprise doit recourir au crédit professionnel pour financer des équipements (matériel de cuisine, mobiliers, voiture, informatique...), des investissements, une acquisition de local, la réalisation des travaux d'embellissement ou mise aux normes, ou encore en cas de besoin de trésorerie (augmentation de capital, financement de stock...).
Le crédit professionnel se distingue du crédit à la consommation ou immobilier par son objet (exclusivement affecté à un usage professionnel), par la durée du prêt et par les taux pratiqués.
De combien de temps je dispose pour obtenir mon financement professionnel ?
Ls temps dont vous disposez pour trouver le crédit professionnel qui vous convient va dépendre de la condition suspensive indiquée dans le compromis de vente. En effet, le compromis de vente est le plus souvent signé sous la condition suspensive pour que vous obteniez le prêt bancaire servant à financer l'acquisition. Ce délai est en général compris entre 2 et 3 mois. De fait, l'obtention du crédit doit se faire dans ce délai. Certes, on peut toujours essayer de négocier un allongement de quelques semaines, au besoin, mais mieux vaut éviter de devoir y recourir. Or 2 à 3 mois, c'est court. Car obtenir l'obtention du crédit ne se fait pas au premier rendez-vous avec une seule banque. Vous avez intérêt à consulter au moins 3 établissements, ce qui multiplie les délais (de rendez-vous, de traitement de dossier). Enfin, vous aurez besoin de temps pour comparer les offres, puis éventuellement négocier de meilleures conditions de crédit. Pour gagner du temps, et se sentir moins sous la pression des délais, mieux vaut préparer son dossier de recherche de crédit avant la signature du compromis, par exemple en préparant son plan de financement prévisionnel, et en rassemblant dès que possible, toutes les pièces dont vous savez d'ores et déjà qu'elles vous seront demandées.
Faut-il faire jouer la concurrence entre les banques ?
Oui, il ne faut pas hésiter. Les banques sont également des commerçants, et recherchent le profit. Donc, vous avez intérêt à solliciter plusieurs offres de crédit, au minimum 3, et idéalement 4 ou 5. Toutefois, compte tenu des délais qui vous seront impartis, vous vous trouverez le plus souvent pris par le temps, et vous ne pourrez pas forcément obtenir plus de 3 offres. En outre, pour que vous soyez en mesure de négocier, il faut que votre dossier soit vraiment très bon (gros apport, affaire peu risquée, fonds à emplacement exceptionnellement bon, gros patrimoine servant de garantie...). Si c'est le cas, et que vous avez une préférence pour un établissement mais que ce n'est pas celui qui vous offre les meilleures conditions, vous serez en position de négocier en apportant la preuve qu'un concurrent vous offre mieux.
Si vous empruntez pour la première fois, le recours à un courtier peut être utile. En effet, le courtier dispose d'un réseau d'organismes de financement, dont il connaît les pratiques et marges de négociations. Il saura vous dire ce qui est négociable ou non. Mais le recours au courtage n'est pas gratuit. Pour des conseils pour bien choisir sa banque lors de la souscription d'un crédit professionnel, consulter le blog des experts 'Reprendre un hôtel' : 'À quelle banque s'adresser'.
Emprunter à taux fixe ou à taux variable ?
En général le taux fixe est conseillé pour les prêts à long terme (7 ans et plus), tels que ceux accordés lors de l'acquisition de fonds de commerce ou part sociales. Le taux variable doit être envisagé pour des crédits de courte durée (2 à 3 ans) et uniquement s'il est capé, c'est-à-dire plafonné dans sa variation à la baisse ou à la hausse. "Un taux variable capé est intéressant lorsque dans sa variation maximale, il ne dépasse pas la valeur du taux fixe" explique François Renon, associé-co-gérant de Credipro Bordeaux un courtier en crédit professionnel.
Les autres point à étudier lors d'une demande de crédit
Le taux d'intérêt appliqué à l'emprunt professionnel n'est pas le seul point clé à étudier lorsque la banque vous offre un crédit professionnel : apport exigé, frais de dossier, conditions de remboursement anticipé, garanties en cas de défaillance sur le remboursement du prêt. Si l'organisme prêteur devient ensuite votre banque, vous devrez être attentif à d'autres frais tels que : taux appliqué aux transactions par carte bancaires, coût de location de terminal de paiement (TPE), frais de fonctionnement de compte, frais de tenue de compte, frais de découvert, etc.
Quelles sont les pièces à apporter lors d'un rendez-vous bancaire en vue d'obtenir un crédit professionnel ?
1. Preuve du sérieux de l'engagement : la promesse de vente (ou compromis de vente) et ses annexes (détail...), statuts ou projet de statuts de société, contrat de bail et de location-gérance du matériel, photos de l'affaire.
2. Preuve du sérieux de l'affaire reprise et de sa rentabilité potentielle par rapport au prix de vente. Le banquier va étudier les bilans sur les 3 dernières années et s'attarder sur l'EBE. En effet, c'est surtout l'EBE qui compte pour mesurer la rentabilité d'une affaire. Mais cet EBE doit être retraité pour le rendre le plus objectif possible. Il sera diminué des dépenses de confort liées à la personnalité du précédent propriétaire (voiture, téléphonie, frais de représentation...), et il sera augmenté des dépenses exceptionnelles qui ne devraient pas se reproduire. En principe, le banquier connaît les ratios habituellement pratiqués dans chaque secteur. Et il ne sera pas dupe. S'il estime que le prix de vente du fonds est trop élevé par rapport aux ratios qu'il utilise pour évaluer la rentabilité, il refusera le prêt.
3. Preuve du sérieux du projet du repreneur : Projets de statuts ou statuts, plan de financement, prévisionnel précis su 2 ans, actif / passif et compte de résultat, devis si travaux, justificatifs de l'apport personnel et des garanties éventuelles.
4. Preuve du sérieux du repreneur lui-même :
• Si société : extrait K Bis, statuts bilans 2 ans + tableau d'amortissement des prêts en cours, copie des pièces d'identités des associés, relevés de compte professionnel sur 3 mois ;
• Si personne physique : copie pièces d'identité, CV de chaque associé, 3 dernières feuilles de paie, avis d'imposition de chaque associé, si locataire copie de la quittance de loyer, 3 mois de relevés de comptes bancaires personnels, certificats de travail si salarié, copie des échéanciers si prêt à la consommation, situation familiale et patrimoniale, copie du livret de famille, détail du patrimoine immobilier et financier, si propriétaire : copie du contrat de prêt, copie du tableau d'amortissement et taxe foncière.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON