“Le torchon commencerait-il à brûler ente les cafetiers, les restaurateurs et la mairie de Paris ?” C’est la question que l’on se pose dans les couloirs du GNI. À l’origine de la grogne : la pérennisation de l’extension des terrasses dans la capitale. Ces terrasses Covid, en cours d’instruction en vue de leur pérennisation annuelle par les services de la mairie de Paris, ne seraient pas concernées par l’obligation d’être démontées, rappelle Pascal Mousset, président du GNI Île-de-France, dans un courrier adressé ce 4 novembre 2021 à la maire de Paris Anne Hidalgo. “Les professionnels ayant déposé une demande régulière de pérennisation de leurs terrasses annuelles étaient autorisés à maintenir leur installation pendant l’instruction de leur dossier et ce, au-delà de la date du 1er novembre 2021”, détaille-t-il.
Or, sur le terrain, certains patrons de cafés et restaurants sont verbalisés et mis en demeure de démonter leurs extensions de terrasses, alors qu’ils justifient d’une procédure en cours et de l’attente d’une autorisation. Le tout assorti d’amendes allant de 500 à 15 000 €, avec une éventuelle fermeture administrative à la clé. Pascal Mousset fait ainsi état de sollicitations de professionnels parisiens, surpris et inquiets, qui interrogent le GNI sur ce point depuis le 2 novembre. Mêmes retours de mauvaise expérience jusqu’à la rédaction de L’Hôtellerie Restauration (lire ci-dessous), avec notamment le témoignage d’un lecteur qui se sent “mis au pied du mur” avec “un démontage et un stockage coûteux” de sa terrasse.
1 200 demandes de terrasses pérennes dans la capitale
Dans son courrier à Anne Hidalgo, Pascal Mousset souligne que les services de la mairie de Paris, déjà alertés par le GNI Paris Île-de-France, “ont tenté de justifier l’élargissement de l’obligation de démontage à toutes les terrasses Covid, quelle qu’elles soient, par le retard pris par les professionnels dans le dépôt de leur demande”. De quoi faire tiquer cette patronne de café du VIIe arrondissement de Paris qui a monté le dossier de pérennisation de sa terrasse dès qu’elle en a eu la possibilité, justement pour éviter les embouteillages dans le traitement des demandes. Elle évoque “une tonne de paperasse” et un accord, au cas par cas, avec chaque mairie d’arrondissement. Car l’obtention d’une pérennisation dépend aussi des quartiers. Ainsi, dans les quatre arrondissements de la mairie de Paris centre (Ier, IIe, IIIe et IVe), les nuisances sonores, tard dans la nuit, ont suscité bon nombre de plaintes de riverains, ce qui complique l’obtention d’une éventuelle pérennisation. Mais pour cette patronne de café, par exemple, sa demande a été acceptée, à condition qu’elle prenne à sa charge les travaux de voiries qui vont permettre de transformer l’espace de livraison, sur lequel se trouve son extension de terrasse, en places de stationnement. Selon la mairie de Paris, à ce jour, il y aurait 1 200 demandes de terrasses pérennes dans la capitale, dont 500 ont été refusées et une centaine acceptées.
“Distinguer les terrasses en cours d’instruction des autres”
Dans un tel contexte, le GNI cherche à “calmer le jeu”. Dans son courrier à Anne Hidalgo, Pascal Mousset explique : “Si nous ne voulons pas perdre le bénéfice des terrasses Covid et si nous voulons éviter de transformer une opération à succès en un véritable fiasco, il est urgent de mettre un terme à une obligation de démontage généralisée et aveugle de toutes les terrasses Covid, qui porte préjudice aux professionnels que je représente et provoque leur incompréhension.” Le président du GNI Île-de-France demande à la maire de Paris d’“intervenir et d’inviter les services de contrôle à distinguer les terrasses en cours d’instruction, en vue de leur maintien à l’année, des autres et à ne pas verbaliser des professionnels justifiant ainsi être dans l’attente d’une autorisation.” La balle est désormais dans le camp de la locataire de l’Hôtel de ville.
Publié par Anne EVEILLARD
jeudi 11 novembre 2021