L’Hôtellerie Restauration : Pourquoi avoir choisi Lille pour cette nouvelle ouverture ?
Solenne Devys : Nous aimons nous développer dans les grandes villes françaises, et Lille est tout à fait le genre de ville qui fonctionne pour Okko. On s’y rend facilement, il y a un mix entre clientèle business et loisirs, avec du tourisme urbain. C’est proche d’une ville comme Lyon ou Nantes. De plus, Lille est très bien reliée, avec une forte ouverture sur l’international.
La crise vous a-t-elle influencés dans le projet de Lille ?
Pas sur la façon dont a été construit l’hôtel, car tout était déjà bouclé. En matière de conception, nous n’avons pas de conviction profonde sur ce que sera l’hôtel de demain. Nous voyons des tendances mais nous trouvons que c’est très dangereux de prendre des décisions tout de suite. C’est trop tôt pour savoir quelles seront les conséquences sociologiques de la crise.
Depuis janvier 2020, nous nous étions mis à travailler sur une offre de petite restauration et sur des changements dans l’offre aperitivo. Le confinement nous a permis de travailler dessus à temps plein, donc nous avons avancé plus vite. La crise nous a confortés sur la nécessité de mettre en place cette nouvelle offre rapidement.
Vous avez peu de recul sur cette offre, mais quel est votre ressenti ?
Nous en sommes très satisfaits. C’est très au-dessus de ce qu’on avait imaginé mais on est conscients qu’il y a eu des clients captifs du fait de la fermeture des restaurants. On verra ce que ça donnera cet été et à la rentrée, avec le retour de la clientèle affaires, puis à la sortie de crise, sur une durée plus longue.. Pour l’instant, les chiffres et les retours de la clientèle sont bons.
Okko Hotels est connu notamment pour son espace club, cet espace gratuit pour les clients de l’hôtel et payant pour la clientèle extérieure, ouvert 24 h/24, dans lequel il est possible travailler et de consommer gratuitement ce que l’hôtel met à la disposition des clients… Quels retours avez-vous suite à la crise ?
Les équipes Okko avaient du mal à investir les lieux avant la crise. Ils se demandaient comment se positionner face aux clients, comment habiter cet espace… Le room service a, de fait, limité leurs relations avec la clientèle, car il laisse peu de place pour l’échange. À la réouverture des clubs, les équipiers ont vraiment eu envie de réinvestir le club, d’animer encore plus les espaces. Ils trouvent que c’est un super outil de travail. Cette demande de la part des équipes est une bonne surprise pour nous.
Avez-vous constaté des changements dans les attentes de la clientèle ?
Sur la demande client pure, nous avons le sentiment que les choses n’ont pas encore changé. Certains ont très peur du Covid, mais une fois sur place, il faut leur rappeler les règles…. D’autres ne se sentent pas concernés. Les demandes portent plus sur conditions de tarification, pour avoir plus de flexibilité, sur l’ouverture des parties communes…
Ce qu’on perçoit à une autre échelle, c’est le succès de la région. On l’a vu pendant toute la crise, nos hôtels les plus résilients sont ceux qui sont situés dans des villes secondaires. Toulon et Bayonne sont les deux hôtels qui ont le mieux fonctionné. La dépendance de Paris et de la Côte d’Azur à l’international et aux grands salons ont mis à mal nos hôtels dans ces grandes villes, alors que les plus petites régions ont bien fonctionné. On est ravis d’apporter du lifestyle dans ces villes de taille moyenne.
Enfin, on voit qu’il y a une vraie prise de conscience de la part des investisseurs en ce qui concerne la RSE. On a travaillé sur ce sujet depuis le début du projet Okko, mais on ressent aujourd’hui que tout le monde se sent concerné. Si ça peut être une prise de conscience globale dans notre industrie, ça serait une bonne nouvelle.
Comment voyez-vous l'hôtellerie de demain, post-Covid ?
La certitude, c’est que nous irons vers du plus responsable et du plus durable, d’un point de vue environnemental mais aussi social. On a vu beaucoup de collaborateurs quitter le secteur. Tout le monde a fait, au cours de ces dix-huit mois de crise, le ratio entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Il faut trouver des solutions en ce qui concerne les équipements de travail, la rémunération, la reconnaissance. Il faut montrer que les carrières dans notre industrie sont véritablement attractives. Chez Okko, on enregistre 20 % de pertes de collaborateurs. Avoir des tas de projets, c’est beau, mais le sujet des salaires traîne depuis des années et doit maintenant bouger. Gérer le capital humain, c’est bien plus important que de créer de nouveaux espaces, se pencher sur des questions comme le coworking, etc. Prenons le temps d’observer les signaux.
Quels sont vos futurs projets ?
Nous prévoyons d’ouvrir un établissement à Nice cet été. À l’été 2022, nous ouvrirons un hôtel de 184 chambres à La Défense avec un restaurant opéré par Okko, une première expérience de restauration pour nous.
Okko Hotels #SolenneDevys#
Publié par Romy CARRERE
samedi 26 juin 2021