Roland Héguy : Il faut se réjouir du message pro-entreprise. Le chef de l'Etat reconnaît que si l'on amorce la croissance dans les TPE et les PME, celles-ci peuvent durablement créer de l'emploi. Malheureusement, les entreprises françaises ont perdu cinq points de marge en cinq ans. Leurs marges sont très faibles et les charges ne cessent d'augmenter. Les défaillances d'entreprises se sont multipliées ces derniers mois. Nous dénombrons 20 défaillances par jour dans notre secteur. Que voulez-vous que nous donnions en contrepartie ? Nous ne pouvons pas signer de chèque en blanc. Les entreprises ont besoin de règles claires, simples et sur la durée, pour leur donner la confiance qui leur permettra de réamorcer la croissance. Le gouvernement a recensé les bienfaits du contrat d'avenir avec la création de 50 000 emplois. Il y a eu de réelles et importantes avancées sociales : grille des salaires, la prévoyance, les jours supplémentaires… Et malgré cela, nous avons été décriés par les médias et dans l'opinion publique. Il est grand temps, aujourd'hui, de regarder la réalité en face et cessons d'opposer entreprise et salariés. Le donnant/donnant est une erreur. Il faut être dans le gagnant/gagnant. La baisse des charges est nécessaire. Elle doit intervenir au plus vite et le gouvernement doit agir sans délais. Le pacte de responsabilité va dans le bon sens mais 2017, c'est trop tard.
Comment abordez-vous les Assises du tourisme ?
Le tourisme est en plein essor. La barre symbolique du milliard de touristes dans le monde a été franchie en 2013 et les projections de l'OMT évoquent une croissance de l'ordre de 5% pour les prochaines années. Quel secteur peut aujourd'hui se vanter d'avoir d'aussi belles perspectives de croissance ? En France, nous avons besoin de définir une politique industrielle du tourisme. Nous devons nous poser les bonnes questions. Un touriste dépense en moyenne 1200 euros en Espagne et seulement 650 euros en France… Pourquoi cet écart ? Par ailleurs, les CHRD représentent 60% du chiffre d'affaires global du tourisme, ils en sont les acteurs majeurs. Alors que nos établissements jouent un rôle essentiel comme créateur de richesse, de lien social, mais aussi dans l'aménagement du territoire, leur poids économique n'est pas considéré… La politique touristique en France doit gagner des parts de marché pour attirer toujours plus de touristes internationaux et doit redonner envie aux Français de partir à la redécouverte des territoires. Faisons le pari, ensemble, dans le cadre de ces assises, d'augmenter, dans les cinq prochaines années, le PIB lié au tourisme de deux points.
Quelles sont les propositions de l'Umih aujourd'hui ?
La simplification de la vie de nos entreprises doit être le maître mot de cette politique. Aujourd'hui, nos entreprises sont asphyxiées par la lourdeur administrative, fiscale et réglementaire. Et il faut garder en tête que tout investissement de mise en conformité se réalise au détriment des investissements d'accueil, de marketing et du numérique. L'entreprise CHR a besoin de simplification pour retrouver du souffle et se consacrer exclusivement à son coeur de métier dans le but d'apporter toujours plus de service et de qualité au client. Il faut aussi que l'Etat mette en oeuvre la promotion de la France, auprès des clientèles internationales et française. Il faut intégrer la vie nocturne dans l'offre touristique, comme savent très bien le faire des capitales européennes comme Berlin ou Londres. Un bon accueil passe également par l'augmentation des amplitudes d'horaires d'ouverture des lieux touristiques. Nous devons aussi adapter la formation aux nouveaux métiers, au numérique et recentrer les parcours universitaires et supérieurs liés au tourisme, qui sont trop nombreux et mal identifiés. Nous devons enclencher un mouvement collectif en faveur du tourisme et dans lequel, il est important de le rappeler, l'entreprise indépendante est essentielle à l'équilibre des territoires et de l'offre. Dans cette organisation, s'inscrit enfin la lutte contre le commerce illégal, accru par la crise et les facilités apportées par Internet. On ne peut pas laisser faire tout et n'importe quoi. Les règles doivent être les mêmes pour tout le monde. Toutes ces propositions sont portée l'Umih au niveau national mais également par nos fédérations Umih dans le cadre des Assises territoriales.
Comment voyez-vous le projet de réforme de la représentativité patronale ?
C'est un dossier qui va sans doute modifier beaucoup de choses. Nous allons devoir nous compter et repenser la représentativité de la branche. Ce n'est pas quelque chose dont il faut avoir peur. Bien au contraire. Il s'agit de renforcer notre efficacité et notre solidarité dans l'action collective.
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes