Emilie Zevaco est tombée dans la marmite de l’hôtellerie très jeune. Son père, Jean-Louis Zevaco, a occupé pendant 40 ans des fonctions stratégiques au sein du groupe Accor. À sa retraite en 2008, il a fondé le groupe HIS. “Je travaillais alors dans l’édition à Paris et ne pensais pas intégrer le secteur de l’hôtellerie. Mais j’ai vite été intéressée par l’aspect entreprise familiale”, raconte-t-elle. Le groupe HIS compte aujourd’hui 300 collaborateurs, 17 hôtels du 2 au 4 étoiles (dont 15 hôtels franchisés Accor, un Louvre hôtel, et un sans enseigne). Un hôtel Mercure est en construction dans les Pyrénées. Avec plus de 1 000 chambres, HIS présente un chiffre d’affaires estimé à 30 M€ sur 2020, avant la crise. “Notre groupe a su se développer de façon indépendante, sans recours aux prises de participations externes. Nous nous sommes associés sur certains établissements, mais cela est lié à un contexte amical. Nos partenaires bancaires nous font confiance. Nous avons eu beaucoup de chance, notre modèle est rare. En termes d’organisation, nous sommes sur un modèle très concentrique pour favoriser une agilité permanente”, explique Emilie Zevaco.
En 2009, elle rejoint HIS et entame un parcours d’apprentissage pour occuper la fonction de directrice de l’hôtel Ibis Styles Toulouse Cité de l’espace jusqu’en 2017. “Ensuite, j’ai intégré la holding pour me consacrer notamment au développement, aux côtés de mon père et de Loïc Borie, directeur des opérations. Mes missions sont diverses : entretenir les relations avec les promoteurs, les institutionnels locaux, réaliser des suivis de chantiers, des briefs architecturaux... En 2019, nous avons étudié près de 200 dossiers d’acquisition, de reprise, de cessions. Ces opportunités viennent à nous assez naturellement. Nous connaissons nos marchés et voyons rapidement si cela peut convenir ou pas à nos modèles économiques. Nous sommes positionnés sur de l’hôtellerie économique, voire ‘éco plus’, et attachés à la zone géographique sur laquelle nous sommes efficaces. Nous sommes basés à Toulouse, et nos hôtels sont situés entre Narbonne et Bayonne. C’est ce qui fait notre réussite, ainsi que la souplesse de notre organisation”, analyse-t-elle.
Le goût du challenge
Depuis 2019, Emilie Zevaco est également présidente de la marque Ibis Styles au sein de l’association des franchisés Accor (AFA). “Notre groupe compte cinq hôtels Ibis Styles, c’est une marque que je maîtrise et que j’aime. C’est certes valorisant d’être sur une mission de représentation, mais j’ai avant tout accepté pour le coté apprenant. C’est un enrichissement personnel très fort, qui sort de mon périmètre classique de travail. J’apprends sur des sujets liés au marketing, aux campagnes média, etc.”, souligne Emilie Zevaco. Elle se partage entre Toulouse et Paris. “Je travaille en respectant les codes de la mobilité, souvent en voiture, en déplacement, et je passe de longues heures au téléphone ! Mon job est avant tout basé sur le relationnel. Je travaille sur les axes liés au commercial, au marketing, et j’accompagne si besoin les équipes sur l’aspect RH”, ajoute-t-elle.
Elle est aussi depuis 2017 présidente du club hôtelier Toulouse Métropole. “C’est toujours très enrichissant d’apprendre des confrères, de voir différentes organisations de travail, de se sentir acteur d’une destination. Toulouse est plutôt identifiée comme une destination d'affaires, et nous voudrions faire un focus sur le loisir. Avant la crise, il y avait de grandes volontés d’investissement. La métropole a mené une enquête pour connaitre les besoins en hébergements marchands dans le but d’identifier les zones et harmoniser l’offre, pour éviter de mettre en péril concurrentiel des établissements. Mais aujourd’hui, ça n’a plus de sens, tout est à rebâtir”, constate-t-elle. Face à la crise actuelle, cette optimiste de nature croit à la solidarité entre hôteliers. “Ceux qui pourront passer la crise seront agiles, sauront réinventer leur organisation, leurs services. Il est important que les groupes les mieux armés pour l’affronter partagent leurs informations”,conclut-elle.
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Publié par Laetitia Bonnet Mundschau
