À ses yeux, cet engagement social ne soulève pas de difficultés particulières : "Au niveau des ressources humaines, il n'y a pas tellement de différence : on a chacun nos compétences, il faut mettre les bonnes personnes au bon endroit. La réelle difficulté n'est pas là, mais dans le contexte actuel, marqué par le franc fort et la concurrence de l'Autriche voisine." Pourtant, cette démarche implique des charges nettement supérieures à celles d'un hôtel classique : "Quatre aides de cuisine en situation de handicap mental parviennent à effectuer 50 % du travail d'un cuisinier. Cela signifie plus d'uniformes, de formation, de matériel…"
"Un laboratoire avant-gardiste"
Le boutique-hôtel se présente comme le "laboratoire avant-gardiste d'une hôtellerie intégrée et responsable". Mais Bertrand Gross refuse de "transformer cette initiative en argument de vente". Il se contente d'informer sa clientèle, pour éviter qu'elle ne soit "surprise d'être servie par une personne trisomique", et précise : "On ne veut pas que les clients viennent chez nous pour faire une bonne action, mais ils en tirent d'autres bénéfices. Une cliente nous a dit qu'en déjeunant chez nous, elle avait l'impression d'avoir fait une séance de yoga. Les personnes en situation de handicap sont en effet directes, simples, sans malice. En un claquement de doigt, on se sent apaisé, on se souvient de l'essentiel. Peut-être nos clients viendront-ils se nourrir le corps et l'âme ?" Il apprécie également "la joie et la fierté de travailler" de ces salariés en situation de handicap : "C'est un atout, car le sens de l'accueil et la cordialité sont des bases nécessaires aux métiers du tourisme et de la restauration."
Publié par Violaine BRISSART