Elle n'osait pas se lancer. Pourtant, elle cuisine depuis toujours. Par goût. Par passion. Un peu comme un don. Car Emilie Laumonier n'a aucun diplôme en la matière. "J'ai une formation d'étalagiste. Avant d'avoir mes trois enfants, j'étais free lance et je supervisais la déco pour beaucoup de salons." Mais, à la fin des années 2000, Emilie Laumonier croise la route d'Antoine Louboutin. Adolescents tous les deux à Angers (49), dont elle est originaire, ils s'étaient perdus de vue pendant vingt ans. Entre-temps, elle a caressé l'idée d'ouvrir une boutique de déco. Sans jamais passer à l'acte. Quant à lui, diplômé de l'école hôtelière de Genève, il a enchaîné des postes de direction dans l'hôtellerie et la restauration en Suisse, à Londres, en Martinique. En 2008, il revient à Angers et se remet à la cuisine. Par choix. Par envie. Par vocation familiale : son père, Daniel Louboutin, est le chef de La Salamandre, l'une des tables angevines de référence.
Le fils globe-trotter pose donc ses bagages en Anjou et ouvre Le Bistrot d'Antoine, en mars 2011. Le succès est immédiat. Aussi, lorsqu'il incite Emilie Laumonier, qu'il épousera au printemps prochain, à créer son propre restaurant et qu'il l'aide à monter son projet, "les banques nous ont suivis tout de suite", confie-t-il. Fouineuse, chineuse, curieuse de tout, Emilie Laumonier avait d'emblée une idée bien précise du lieu qu'elle voulait investir. "Je savais que ce local, situé au pied d'un superbe immeuble du début du XXe siècle, avec moulures au plafond et terrasse, était à louer." Elle fait sa proposition. Le propriétaire lui donne son feu vert au printemps dernier.
"Du sobre et du chic, sans ostentation"
De retour de vacances, elle démarre les travaux de rénovation. "Essentiellement de la peinture, de la déco et la création d'une cuisine." Un investissement qui flirte avec les 60 000 €. Son parti pris : "du sobre et du chic, sans ostentation." Début novembre, elle ouvre L'Endroit, "un restaurant-salon de thé qui me ressemble". À sa carte : des pâtes, des tartes salées, un risotto, un club sandwich, des viandes, des poissons, "qui changent tous selon le marché et les produits de saison". La sélection des vins est également soignée. Le thé vient de la maison Mariage Frères et Lavazza fournit le café.
En cuisine dès 8 heures du matin, Emilie Laumonier prépare les desserts, gâteaux, pâtisseries et une cuisinière la seconde pour le salé. En salle, une serveuse vient en renfort. Cette petite équipe compte également une plongeuse, transfuge du Bistrot d'Antoine avec lequel Emilie Laumonier partage aussi bon nombre de ses fournisseurs. L'Endroit s'apprête à démarrer une formule brunch le samedi. Cette adresse atypique, où les vases sont détournés en aquariums et les chapeaux melon en suspensions lumineuses, étonne, détonne même. Si bien que le stock de cartes contenant les coordonnées du lieu est déjà épuisé.
Publié par Anne EVEILLARD