Thierry Millon, directeur des études Altares, résume : « Après avoir atteint leur plus bas niveau en 30 ans fin 2020, le nombre de procédures continue de reculer fortement au premier trimestre 2021(-32,1 %). Le mois de mars pourrait cependant constituer un point de bascule. D’abord sur le changement de rythme des ouvertures de procédures, attendu mais impressionnant. Sur les deux premières semaines de mars, les défaillances d’entreprises sont en très fort recul (-48 %), mais sur les deux suivantes elles explosent de 155 % comparées à la même période de 2020, qui marquait le début du confinement, le gel des cessations de paiement, la fermeture des juridictions et donc la suspension temporaire des audiences. C’est aussi en mars qu’émergent des chiffres concrets sur la détresse de centaines d’entreprises qui se trouvent en cessation de paiement, en dépit des dispositifs de soutien publics. Car désormais, 8 entreprises sur 10 qui se présentent devant les tribunaux sont directement liquidées, un taux jamais atteint depuis 20 ans. »
Principaux résultats :
- 7 406 entreprises sont tombées en défaillance en France au cours des trois premiers mois de l’année 2021, c’est 32,1 % de moins qu’à la même période 2020, qui n’avait été perturbée par la crise sanitaire qu’en toute fin de trimestre.
- Seulement 170 procédures de sauvegardes (-26,7 %) ont été ouvertes, pour 1 493 entreprises placées en redressement judiciaire. Un nombre en très fort retrait (-51,2 %), deux fois plus rapide que celui des liquidations judiciaires directes (5 743 ; -24,5 %).
- Les mois de janvier (-35 %) et février (-45 %) démontrent une baisse très importante du nombre de procédures ouvertes, alors que le mois de mars (-13 %) amorce un changement de rythme.
- Si la première quinzaine du mois de mars s’inscrivait dans la même tendance que février (-48 %), la seconde présente une augmentation impressionnante de 155 % par rapport à la même période en 2020. Une tendance d’autant plus marquée du côté des liquidations judiciaires directes (+211 %).
- Le taux des liquidations directes s’accélère en effet en ce début d’année. Il dépasse désormais 77 % des jugements sur le premier trimestre et atteint même 79 % en mars, une donnée qui illustre la très grande fragilité de nombreuses structures.
Le groupe Flunch pèse dans les chiffres
- Le nombre d’emplois menacés tombe juste sous le seuil des 30 000 mais représente encore en moyenne 4 emplois par entreprise. A noter que ce chiffre est toutefois amplifié par la procédure de sauvegarde engagée par le groupe de restauration Flunch, qui concerne 5000 salariés. Sans cette procédure, le nombre d’emplois menacés par entreprise serait resté similaire à la moyenne observée depuis cinq ans (3,4 emplois par défaillance).
Quelles entreprises ?
- Les TPE de moins de trois salariés concentrent les trois quarts des procédures mais leur nombre (5609) est en recul de 31 %. Ces entreprises se présentent toutefois devant le tribunal en situation financière tellement compromise que 80% d’entre elles sont placées directement en liquidation judiciaire.
- La situation des TPE de 3 à 5 salariés est à peine meilleure. Elles sont 939 à avoir défailli au 1er trimestre 2021(-31%) et 77 % d’entre elles ont été immédiatement liquidées.
- Les ouvertures de procédures collectives reculent de 40 % chez les entreprises de 6 à 49 salariés et de 35 % chez les PME de 50 à 99 salariés.
- Pour les PME d’au moins 100 salariés, la situation reste tendue : les liquidations directes sont minoritaires mais le nombre de défaillances augmente sur un an. 23 ont en effet défailli au 1er trimestre 2021, soit 6 de plus qu’il y a un an. Cependant, seules 4 d’entre elles ont été liquidées.