“L’incompétence peut se convertir en compétence avec du temps et des efforts, mais pas le 'je-m’en-fichisme'. Le problème est surtout en salle, moins en cuisine. Cette absence de conscience professionnelle concerne toute la société. J’ai fait rénover une chambre de l’hôtel. L’électricien a trouvé le moyen d’oublier la terre !”, regrette Brice Sannac de l’hôtel des Elmes, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales). “J’ai créé un poste de responsable qui survole toute notre organisation et libère les chefs de secteur en salle et cuisine mais aussi l’assistante de direction qui avait la mission de vérifier la qualité du travail. Quand on passe son temps à surveiller, on n’avance pas”, ajoute Florence Caruso, du Domaine Les Saules à Favières (Somme). “Je vais envoyer ma responsable de salle en formation pour apprendre à encadrer les personnes peu impliquées. Elle s’épuise de devoir tout répéter 50 fois !”, déplore Jimmy Vialle, de l’Umih 30.
Limiter les conséquences de l’incompétence par la simplification des tâches
“Je simplifie les tâches au maximum pour limiter les négligences : plus de tableaux sur les murs car ils sont toujours penchés, plus de rideaux, de nappes mal posées. Les couverts sont sur table pour ne pas être oubliés. Je fais appel à une entreprise de ménage pour assurer la qualité du nettoyage. Il n’y a plus de finition, de perfection. Je mets des choses statiques qui préservent des interventions malheureuses”, liste Catherine Delacoute, du Lancelot à Chilleurs-aux-Bois (Loiret). “Si la jeunesse exprime un tel manque d’enthousiasme, il faut tenter de comprendre pourquoi. Les jeunes ne sont plus comme nous. Ils ne sont pas à cheval sur les horaires. Ils ont besoin de confiance et de respect. À l’inverse, l’excès de compétence peut aussi être un problème. Nous en avons été témoins avec une cadre trop exigeante. Elle était dans la menace. Elle a fait fuir notre équipe. Il faut bien doser les choses. L’Umih formation a des coachs qui apprennent à manager, à savoir motiver ses équipes. J’ai eu une apprentie incontrôlable, avec des problèmes de santé et de famille. Nous l’avons comprise, aidée. Elle est devenue notre meilleure employée”, positive Nathalie Baudoin, de l’hôtel du Glacier à Orange (Vaucluse).
Publié par Francois PONT