L'idée de mettre en scène des jeux vidéos vintage et des animations aux couleurs de l'Amérique a parfait le scénario. La restauration devait bien sûr être cohérente avec le thème. Elisha Karmitz, directeur général de MK2, a fait appel à Omnivore pour remplir cette mission.
« Cela nous a demandé bien quatre mois de préparation en amont, puis nous avions 3 jours pour le montage du projet qui comprend un restaurant américain, un restaurant gastronomique avec Jean-François Piège, 6 points de vente à emporter, un bar à cocktails et une discothèque, le tout pour 12 jours d'exploitation », résume Omar Obodib, associé de Luc Dubanchet pour l'organisation des grands événements Omnivore.
Si le Grand Palais est un lieu unique avec sa majestueuse verrière, il n'en est pas moins un monument historique avec les contraintes d'un bâtiment protégé et pas du tout conçu pour accueillir des points de restauration. Les 12.000 m2 sont loués vides. Il faut songer aux raccordements pour l'eau, à la capacité électrique envisageable, aux normes incendie draconiennes et au plan vigipirate en alerte maximum... L'équipe d'Omnivore a dû faire face à quelques aléas, mais le 10 juin, pour l'ouverture, ils ont répondu présent.
« Le plus grand food court de Paris », comme l'appelle Omnivore nécessite du personnel. 120 personnes en tout, dont 40 en cuisine. « 20% d'entre eux sont des professionnels. Nous complétons avec des étudiants qui sont très heureux de participer à cette aventure dans ce lieu unique. Nous organisons des réunions de formation pour leur rappeler ce que nous attendons d'eux, être souriant, toujours positifs et à l'écoute…"
Le diner Nouveau Palais
L'espace essentiel, la plaque tournante de la restauration, c'est le diner à l'ancienne Nouveau Palais (500 places assises), en référence au nom du restaurant du chef Gita Seaton qui officie dans les cuisines éphémères du Grand Palais. A Montréal, le Nouveau Palais offre 80 places et réalise 450 couverts/jour. Au Grand Palais, le premier jour, un mardi, Gita Seaton a vu passer 1700 clients. Les jours passent et la fréquentation monte en puissance. Nouveau Palais propose une formule : cheeseburger + chips + salade de chou à 18 euros. Le poulet frit (1, 2 ou 3 pièces) accompagné d'une salade aux 5 haricots sort à 8, 10 ou 12 euros. En desserts, le cheesecake et le pudding au chocolat sont facturés 8,5 euros. Le week-end, une formule breakfast à 15 euros vient compléter l'offre. « Ce qui m'intéresse dans un événement de cette taille, c'est de réaliser des plats de qualité, que ce soit bon malgré le nombre, explique Gita Seaton. J'ai importé le fromage pour le cheeseburger, mais pour le reste, j'ai réussi à sourcer tout ce que je souhaitais sur place. Ce fut de longues recherches. Pour la viande, j'ai demandé à Olivier Metzger de me fournir une viande très persillée dont le goût est proche de celui de la viande nord américaine. Il a tout de suite compris ma demande», reconnaît la jeune femme qui n'a jamais baissé les bras. Elle est arrivée à Paris accompagnée de 7 cuisiniers de sa brigade. De la cuisine centrale ouverte à la cuisine de production pour le froid, en passant par les 2 carrioles réservées au beef sandwich et au hot dog Chicago (saucisse, moutarde, cornichons, oignons, tomates, piments, relish et sel de céleri), respectivement à 7 et 8 euros, Gita Seaton vole d'un point à l'autre.
Dans la partie jeux vidéos, Omnivore a implanté sa cuisine inox embarquée dans un container. Elle sert aux différents événements et se plie au concept. Cette fois, baptisée Omnivore Away, elle produit une série de quatre sandwiches créatifs comme le saumon gravelax, crème d'aubergines grillées, chou rouge, sauce fromage blanc/ciboulette (8 euros) ou le végétarien composé d'une crème de ciboulette, wasabi, coeur de romaine, ricotta, chou-fleur, sauce vierge (7 euros).
Un premier étage VIP avec Jean-François Piège
Mais le Grand Palais prend de la hauteur avec un grand balcon au premier étage avec vue sur la piste de roller qui se transforme en boîte de nuit en fin de journée. Omnivore y a installé le Sugar Bar, pâtisserie signée Gilles Fraioli où l'on trouve aussi quelques tartes salées, tout à 8 euros. Le Sugar Bar devient The Bistrologist, en association avec le restaurant éponyme parisien, et propose des cocktails innovants entre 18 et 22 h. L'espace devient ensuite l'espace VIP. Le restaurant gastronomique Petit Piège au Grand Palais jouxte cet espace.
Jean-François Piège n'a pas peur des défis. Il a accepté de créer un restaurant de 4 couverts avec un service le midi et deux le soir (19 h et 21 h) : Petit Piège au Grand Palais. Les clients y retrouvent la cuisine du restaurant gastronomique 2 étoiles Michelin de la rue Saint-Dominique. Le menu unique à 150 euros comprend un amuse-bouche, 2 plats et un dessert. Puis le client opte pour l'un des deux choix de vins : 50 ou 75 euros. Le plus petit restaurant du monde se niche en haut de l'escalier avec vue plongeante sur la piste de danse et le diner. A leurs côtés, un cuisinier avec son outil de travail et un maître d'hôtel issus de la maison mère. Comme le "vrai" restaurant est tout proche, Jean-François Piège vient saluer ses clients. Trop peu de places pour une demande phénoménale préenregistrée sur internet. C'est un bon vieux tirage au sort qui a départagé les fans.
Publié par Nadine LEMOINE