Situé sur la très chic avenue George V, à deux pas des Champs-Élysées, le restaurant Miss Kô est peu banal. Il figure un univers complètement décalé et imaginaire, où la décoration est inspirée de l'Asie. Une fois passée la terrasse et ses chaises habillées de fourrure, on arrive à l'accueil en franchissant une immense toile qui représente le corps nu d'une femme sans visage, entièrement recouvert de tatouages. Miss Kô, c'est son nom, est l'élément clé du décor. Sur une superficie de 500 m2, le restaurant est pensé telle une ruelle asiatique, qui conduit aux cuisines ouvertes. Le regard est complètement subjugué : c'est un festival de formes et de couleurs, avec, disposés ça et là, des objets insolites : une gigantesque lampe en forme de théière, des ombrelles disposées à l'envers.
Sur la surface d'un comptoir infiniment long (26 m) sont diffusées en mosaïque des chaînes asiatiques d'information en continu, parcourues de temps à autre par un dragon numérique rouge, réalisé par le label Dalbin. Une monumentale fresque de David Rochline, évoquant un manga futuriste, est peinte sur l'un des murs de l'établissement. Sur le mur situé en vis-à-vis, resté brut, sont projetées des vidéos de morphing de visages ou de grains de riz en mouvement.
Aux manettes de ce projet mûri pendant trois ans et demi : Philippe Starck, le célèbre designer, et Claude Louzon, à l'origine des concepts Le Paradis du Fruit, Moutarde Street et Il Naturale. Ce dernier explique : "Nous voulons être en décalage avec le quartier et que, en venant chez Miss Kô, le client se sente complètement dépaysé grâce à des décors un peu fous. En quelque sorte, qu'il vive une expérience à part, que ce soit dans l'assiette ou les arts. La décoration est éphémère et sera changée régulièrement, pour ne pas faire toujours le même rêve. Notre autre objectif est de mettre en avant les arts.",
140 % de remplissage
La salle, supervisée par Grégory Simon Fellous, dispose de 200 couverts répartis en plusieurs espaces : lounge, comptoir, table ou terrasse. Sur table, la déco est tout aussi soignée : couverts et baguettes, assiettes de présentation où sont reproduits des dragons ou des personnages, chaises siglées avec des idéogrammes, menus présentant le corps dénudé de Miss Kô. La carte, elle, propose les fondamentaux asiatiques adaptés aux goûts des Français. Entre-autres : Sashizza (pizzetas japonaises, sashimi de thon rouge, huile de truffe, pousses de shiso), Rainbow Samourai Roll (saumon, avocat et mangue, sauce agrumes), Shu-shu de Miss Kô (beignets accompagnés de sauces coco, caramel de café et caramel-passion). Fabrice Monnot, le chef des cuisines, est un ancien du River Café, du Bar Fly et de Bound, à Paris. Il décline les plats aussi bien à la carte qu'en assiettes à partager (Bo bun géant, plateau de sushis). Une formule brunch à 35 € est disponible le dimanche.
Le bar n'a pas été mis de côté : onze cocktails créatifs sont proposés à 14 € (avec des alcools tels la liqueur de yuzu, le Saké, le Shoshu, etc). "Le midi, le ticket moyen avoisine 35 €, et le soir, 60 €", confie Claude Louzon. Depuis l'ouverture, il y a trois mois, nous sommes surpris du décollage. Nous remplissons à 140 %, soit 500 couverts par jour. Nous avons beaucoup d'idées pour nous développer, comme présenter le plat d'un chef à la carte pendant un mois. Thierry Marx a déjà accepté. Cinquante personnes ont été embauchées, dont trois pour la partie culturelle et artistique, "puisqu'il faut chercher de l'information et trouver en continu de nouvelles décorations, des artistes à faire venir." L'idée est bien de stimuler la curiosité des clients.
Parmi les projets, Claude Louzon dévoile "l'ouverture du petit frère de Miss Kô [un concept quasi-similaire situé boulevard des Italiens, NDLR], pour 2014. Mais aussi un deuxième Miss Kô dans le quartier Bowery à New-York, la même année. Autres capitales visées dans le futur : Singapour et Londres."
Publié par Hélène BINET