À l’hôtel la Gabetière, à Estrablin (Isère), Michel Neyret est un homme libre et ça se sent ! L'ancien numéro deux de la police judiciaire lyonnaise goûte depuis cinq ans aux plaisirs simples de la vie, après 232 jours de prison pour corruption. Le couple Neyret avait été interpellé, en septembre 2011, à l’aurore, dans les murs de cet hôtel de famille qui est toujours leur résidence principale. “Je vais très bien merci. J’ai des projets. Je suis en pleine santé, même si je dois encore exécuter une partie de ma peine avec le port d’un bracelet électronique, explique Michel Neyret. J’ai connu Nicole, ma femme, en 1981 alors que j’étais commissaire stagiaire à Vienne. En 1987, je vivais déjà à la Gabetière. C’est un manoir du XVIe siècle avec douze chambres, un parc centenaire, une piscine et un charme fou. Nicole en a hérité de sa mère. L’ambiance est très familiale”, raconte le commissaire-divisionnaire en retraite depuis 2013.
D’anciens collègues de la police et des fichés au grand banditisme passent à l’hôtel
“Après mon séjour au quartier VIP de la Santé [maison d'arrêt située à Paris], j’ai été soumis à des mesures d’éloignement avec l’interdiction de venir dans le Rhône et de parler à ma femme. Fin 2012, j'ai pu revenir à la Gabetière pour devenir hôtelier à temps complet. Ma femme s’occupe de l’établissement le matin, j’accueille les clients le soir. Je fais beaucoup d’entretien dans le domaine. Je participe à l’administration et à la comptabilité. Avant, je ne m’étais jamais penché sur la réalité du métier de ma femme. Depuis, j’ai découvert les charges infernales qui pèsent. Nous avons trois salariés : un directeur de jour et deux femmes de service. Pour ces dernières, il s’agit de personnes handicapées que Nicole a embauchées il y a trente ans. Elles ne nous ont jamais quittés. Nous n’avons pas d’activité de restauration. Finalement, si notre couple a tenu toutes ces années, c’est parce que nos métiers étaient compatibles. À l’antigang ou à la tête d’un trois étoiles, c’est la passion qui nous guide. On travaille les dimanches. On ne compte pas ses heures. Si un client arrive à minuit, il n’est pas envisageable de ne pas l’accueillir”, liste celui qui reçoit régulièrement d’anciens collègues de la police mais aussi des fichés au grand banditisme. “Même si je les ai envoyés dix ans en prison, c’était à la régulière. Un respect et des liens existent entre les voyous et les policiers.” Ainsi, la Gabetière exprime le parfum, sans doute fantasmé, d’un film de Jacques Deray. L’acteur et réalisateur, Olivier Marchal, ami du couple et accessoirement ancien policier, ne s’y est pas trompé. En 2019, il tournera l’histoire de l’ex 'super flic', qui cosignera le scenario.
Des clients ravis de trouver l’ancien n°2 de la PJ à la réception
Si l’adrénaline qu’a pu connaître l’ancien patron-adjoint de la police judiciaire lyonnaise lui manque parfois, la profession d’hôtelier le comble sur d’autres aspects comme les relations humaines : “Mon procès en première instance et celui en appel, au printemps dernier, ont été très médiatisés. J’ai vite perçu une sympathie du public à mon égard. Je vous laisse imaginer les réactions des clients lorsqu’ils me voient à la réception de l’hôtel. Certains viennent d’ailleurs parce que je travaille ici. Hier, un visiteur s’est encore présenté au portail pour que je lui dédicace mon livre. Nous organisons des séminaires. Les clients demandent, en fin de réunion, un cocktail en présence de Michel Neyret avec dédicace de livres. Les échanges sont très agréables”, s’amuse l’hôtelier qui n’a rien perdu de son charme ni de son élégance.
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Publié par Francois PONT