Une évaluation de la ressource optimisée
Les zones de pêche françaises de légine se situent entre les 40es rugissants et les 50es hurlants, dans le sud de l'océan indien, là où convergent les eaux froides de l'Antarctique. Ces eaux antarctiques abritent les écosystèmes parmi les plus exceptionnels au monde. La pêcherie de légine à la palangre démersale opère dans les TAAF, les Terres Australes et Antarctiques Françaises, dans les ZEE (Zones Exclusives Economiques françaises) de Kerguelen et Crozet. Le TAC (Total Autorisé de Capture) est d'environ 5 100 T chaque année, réparti entre les 6 armements du SARPC, qui regroupent 7 palangriers. (Armas pêche : Mascareignes III ; Armements Réunionnais : Ile Bourbon ; Cap Bourbon : Cap Horn 1 ; Comata-Scapêche : Ile de La Réunion ; Pêche-Avenir : Saint-André ; Sapmer : Albius et Croix du Sud).
"La préservation de la ressource est au coeur de l'engagement des pêcheurs de légine français. L'évaluation pour la certification MSC a permis d'améliorer la collaboration entre les scientifiques du Muséum d'Histoire Naturelle, les armateurs, les autorités et la CCAMLR (la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique). Le résultat de ce travail est une plus grande transparence dans la fixation du TAC, une fréquence accrue d'évaluation du stock et une méthodologie harmonisée avec celle de la CCAMLR. Avec les autres actions en place pour les cinq années à venir, nous sommes donc profondément inscrits dans une démarche d'amélioration continue de notre pêcherie", commente Yannick Lauri, président du SARPC.
Un respect des écosystèmes récompensé
Les pêcheurs de légine français participent activement à un grand nombre d'études scientifiques et exploratoires et tiennent compte des mesures de la CCAMLR, en particulier concernant la protection des oiseaux, la présence d'observateurs embarqués et le suivi des prises accessoires. La pêcherie a d'ailleurs mis en place un plan de progrès basé sur un code de conduite pour éviter les zones et les profondeurs où les bateaux sont susceptibles de capturer des poissons autres que la légine.
Beaucoup d'efforts, qui commencent déjà à faire leurs preuves, ont été faits pour réduire la mortalité des Pétrel gris, comme la mise en place de lignes lestées, de lignes blanches, l'utilisation de dispositifs d'effarouchement des oiseaux et l'obligation de filage de nuit.
Edouard Le Bart, Responsable du MSC en France, commente : "Cette évaluation est un exemple parfait qui démontre qu'au-delà de la reconnaissance d'une pêche durable, la certification MSC catalyse également la progression des pêcheries grâce à la participation active de toutes les parties prenantes."
La certification MSC prouve son efficacité
Le nombre de pêcheries certifiées MSC est en constante augmentation avec des résultats significatifs. Selon un nouveau "Rapport sur les impacts environnementaux" du Marine Stewardship Council 2013, les acheteurs de produits de la mer labellisés MSC, de boîte de thon comme d'un repas étoilé au Michelin, contribuent à la création d'un mouvement de soutien mondial pour les pratiques de pêche durable.
Les auteurs de ce rapport, le Dr David Agnew et le Dr Nicolas Gutierrez, chercheurs en environnement, ont identifié près de 400 améliorations au sein des pêcheries certifiées MSC. Ces améliorations résultent de la mise en oeuvre de plans d'action d'une durée moyenne de trois ans.
Le rapport met en évidence plusieurs améliorations clés :
- 13 pêcheries devant améliorer l'état du stock sur lequel elles opèrent ont mis en place des mesures permettant d'atteindre le niveau des meilleures pratiques, comme par exemple, le hareng de mer du Nord.
- 22 pêcheries, devant améliorer leur impact sur l'habitat et l'écosystème, ont rempli leurs objectifs en modifiant leurs engins de pêche, en investissant davantage dans la recherche ou en créant de nouvelles zones interdites à la pêche.
- 64 pêcheries ont réussi à améliorer leur système de gestion, en renforçant notamment leur conformité avec la réglementation.
D'autres pêcheries se sont également engagées à s'améliorer sur :
- La réduction de l'impact de la pêche sur les habitats des fonds marins d'ici 2016 (27 %, soit environ un quart des pêcheries).
- La récolte d'informations concernant les impacts sur les espèces en danger, menacées et protégées d'ici 2016 (35%, soit environ un tiers des pêcheries).
- La mise en place de règles de contrôle des captures robustes d'ici 2016, ce qui permettra de protéger les stocks pour les générations futures (41 %, soit environ deux cinquièmes des pêcheries).
Encourageons cette évolution positive en privilégiant l'achat de poissons certifiés MSC.
Publié par Jean-Luc Fessard, 'Transition Verte et Bleue' et auteur du Blog des Experts