Le virage serré des camions cantines à Paris

Paris Depuis l'arrivée des premiers food trucks à Paris en novembre 2011, plus de deux cents demandes d'autorisation de stationnement sur l'espace publique sont arrivées à l'hôtel de ville. Trois seulement ont été attribuées. En dehors des emprises privées, les camionneurs semblent devoir choisir, dans la capitale, entre livraison et sédentarisation.

Publié le 06 mars 2014 à 15:40

"Vous imaginez deux cents camions alignés sur les trottoirs de la capitale ?", demande Lyne Cohen-Solal, adjointe au maire de Paris en charge du commerce et de l'artisanat, avant d'ajouter : "De toute manière, les Bâtiments de France s'y opposeraient pour préserver les paysages et les perspectives. Et puis, nous ne sommes pas aux États-Unis. Les usages ne sont pas les mêmes." Seulement trois camions ont donc obtenu le précieux sésame pour serrer le frein à main à Paris, en dehors des espaces privés et uniquement sur des marchés : le Camion qui fume, Cantine California et le Réfectoire. On notera que les deux premiers sont en phase de sédentarisation. Ainsi, Kristine Frederick, l'initiatrice du Camion qui fume, a ouvert la boutique à sandwiches Freddie's Deli, un bar à pop-corn à Aéroville (95) et projette de revisiter le kiosque à crêpes. Quant à Jordan Feilders (Cantine California), il a pris une résidence au Dépanneur Pigalle, rue Pierre Fontaine (IXe) en attendant d'ouvrir son propre établissement de burgers. Comme aux États-Unis, les camionneurs devenus célèbres ouvrent des adresses fixes sans pour autant remiser au garage le véhicule qui les a fait connaître et qui poursuit la promotion de la maison mère en sillonnant dans les rues. Enfin, pour les derniers arrivés - qui n'ont guère d'espoir d'obtenir une autorisation municipale -, la livraison se révèle être un heureux itinéraire bis qu'emprunte, par exemple, Marc Veyrat avec son camion à bocaux.

 

La ville de Paris dénonce un miroir aux alouettes

Lyne Cohen-Solal constate que la courbe des demandes de stationnement s'est effondrée, signe de la lassitude administrative des porteurs de projets mais pas des journalistes : "Je n'ai jamais reçu autant de demandes d'interviews, plus d'une trentaine. Je me méfie des modes et je trouve qu'il y a une pression hallucinante sur des jeunes à qui l'ont fait croire que c'est facile et qu'ils vont gagner plein d'argent." L'adjointe au maire estime également qu'elle doit veiller protéger les restaurateurs parisiens : "Ce type de restauration est attendue dans les zones désertées, mais pas à Paris. Nous avons déjà 10 000 points de restauration dans la capitale. Même si nous n'avons pas eu de plaintes, la ville doit éviter une concurrence déloyale. Il n'est pas possible de placer un camion devant une terrasse de café du Palais-Royal ou des Grands Boulevards, le type d'emplacement demandé par les food trucks." Lyne Cohen-Solal conclut : "Ce sont à eux de s'adapter aux besoins de la ville, pas le contraire. Pour les voies sur berges, nous ferons sans doute des appels d'offre et les food trucks seront les bienvenus."


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Publié par Francois PONT



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