Jean-Marc Banquet d'Orx : 60% des adhérents sont sur la Seine-et-Marne, qui est un département historique de l'Ile de France. L'Umih vient d'ouvrir une branche traiteur, organisateur de réception (TOR) et cela va nous permettre d'élargir notre champ d'actions bien sûr. Le phénomène qui nous inquiète, ce sont ces propriétés privées qui sont louées ponctuellement pour une manifestation et nous n'avons aucune possibilité d'en vérifier les modalités. Nous ne pouvons pas savoir si les extras sont déclarés par exemple. Sinon, le département de la Seine-et-Marne est divisé en plusieurs zones. Le nord est tracté par le groupe Disneyland Paris. Le marché est stabilisé avec un certain nombre de villes dortoirs aussi. La saison estivale n'a pas été mauvaise pour Disney et les hôtels qui sont autour ont fonctionné correctement d'après les remontées que nous avons eues. Il y a de gros porteurs qui travaillent à fond le yield management. Du côté de Melun, c'est vraiment la crise. La ville a perdu son industrie, même si il reste un peu d'aéronautique. Là-bas, l'hôtellerie et la restauration souffrent. On voit des professionnels qui ont décidé d'investir dans la rénovation, qui veulent rendre leur établissement plus attractifs. Ils ont beaucoup de courage car ils n'ont que très peu de visibilité. La partie Fontainebleau/Barbizon s'inscrit dans une destination week-end. Au sud, Provins attire mais ce sont des séjours de très courte durée. L'Essonne rencontre aussi le phénomène des villes dortoirs. Evry a conservée son industrie et c'est positif pour l'activité.
Si vous deviez comparer la Seine-et-Marne avec d'autres départements franciliens, que diriez-vous ?
J.-M. B. d'O. J'aime à dire que la Seine-et-Marne est un département provincial, c'est-à-dire où on prend le temps de se poser, de relativiser. Un patron qui entretient une relation empathique avec son client, c'est la meilleure communication. Sur Paris, on est dans une notion plus industrielle. Nous avons décidé, avec le CDI et la CCI de Seine-et-Marne d'entrer dans la démarche du bistrot de pays. Je voudrais comparer ce travail avec les 'greeters' qui sont, aux Etats Unis, qui sont, dans une ville, des personnes identifiées et qui accueillent les nouveaux arrivant. En ce qui concerne le classement hôtelier, 80% de l'offre (en nombre de chambres) est dans les clous. Oui, les petits ont trainé mais ils vont vers le classement. Le syndicat a beaucoup travaillé avec la CCI dans ce sens. Celle-ci a mis à disposition une personne dédiée et qui a aidé les professionnels dans le pré-audit. La démarche est gratuite. Ce qui est très important, c'est le positionnement. Il ne faut surtout pas, aujourd'hui, faire l'erreur d'un positionnement qui ne corresponde pas à votre clientèle.
Par métier, quelles sont les tendances ?
J.-M. B. d'O. : Les affaires sont dures avec, pour les hôtels, des séminaires de dernières minutes… Ou encore ce que j'appelle des séries : les sociétés arrêtent un certain nombre de réunions et s'engagent sur l'année mais la bataille des prix est alors très rude. Je dirais toutefois que nous revenons à des modes de fonctionnement plus traditionnels et c'est rassurant de pouvoir se projeter un petit peu à nouveau… Quant au métier de restaurateur, c'est devenu un véritable casse-tête. Le salarié n'entend plus travailler en coupure, nous devons nous adapter et adapter nos plannings pour couvrir des amplitudes horaires que nos clients ne veulent pas négocier. La clientèle exige sur service mais résiste à en payer le prix. En outre, le client anglicise de plus en plus son mode de consommation et il se tourne de plus en plus vers une restauration sur le pouce.
Comment évolue le syndicalisme à vos yeux ?
J.-M. B. d'O. Le syndicalisme en soit se porte bien mais je ne suis pas content pour autant. Ca manque de jeunes. Nos syndicats sont vieillissants. Je comprends que les nouvelles générations aient un manque de temps… Je crains que le jeu soit peut-être plus individualiste aujourd'hui. C'est très difficile de les faire venir. Là où on les retrouve le plus fréquemment, c'est sur les concours et dans les CFA. Ce qui est bien car c'est qu'ils s'intéressent à la formation. Nous sommes un secteur qui faisons réellement appelle à l'apprentissage. Le travail fait partie de l'épanouissement de l'individu et nous avons, chez nous, la possibilité de créer des liens très forts. Manger avec le chef avant le service, apprendre à faire le point ensemble autour d'une table, ce sont des choses humainement importantes... Et c'est une valeur que nous devons porter au travers du syndicalisme.
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes