Les enseignants, constitués en collectif, estiment que cette réforme va sérieusement porter atteinte à un outil de formation qui a fait ses preuves auprès des professionnels : "Il est question de réduire la période de stage pour passer de huit à deux semaines en classe de seconde, ce stage étant requalifié en stage d'observation. Comment voulez-vous qu'un élève s'intègre et participe à la vie de l'entreprise en seulement deux semaines ? C'est impossible !", ajoute Jérôme Collin.
Si hier (6 janvier), les enseignants étaient en grève, aujourd'hui, ce sont les étudiants de BTS qui ont bloqué l'accès au lycée. "Les stages font partie intégrante de notre cursus, ils nous permettent aussi d'être directement opérationnels après le bac. Les réduire serait une grave erreur, témoigne Boris Duclos, étudiant de BTS. On nous apprend à produire en temps limité, à respecter les contraintes d'un service... Avec cette réforme, il n'y aurait pus que des illustrations, de la théorie légèrement appliquée." Les lycéens craignent aussi que ces modifications fassent perdre sa spécificité au bac technologique : "J'ai choisi cette filière parce que je voulais du concret, rappelle une élève. Si je dois passer plus de temps en classe, ça risque de moins me plaire."
Un appel à la mobilisation nationale
Les enseignants, solidaires, seront de nouveau en grève demain : "Nous ne critiquons pas la volonté de réformer, ajoute Eric Fraixanet, enseignant en hébergement, mais le contenu et la lisibilité de celle-ci. Il ne s'agit pas d'un combat corporatiste mais bel et bien de défendre une formation et de préparer l'avenir professionnel des élèves. Il nous manque des éléments sur les modalités d'examen, sur les classes de première et de terminale. Nous avons une journée portes ouvertes à la fin du mois de janvier. Il faudrait être en mesure d'informer et de rassurer les parents."
La réduction des périodes de stage risque aussi de rebuter les professionnels : "un élève en stage d'observation n'a pas sa place dans une cuisine, estime Jérôme Collin. Il peut ralentir le bon déroulement du service. Et il faudra lui expliquer qu'il ne doit pas toucher aux casseroles."
Une pétition en ligne (www.avaaz.org/fr/petition/XXXX_Repousser/%3FtNJwQab) a déjà recueilli plus de 3 400 signatures. Les enseignants du lycée hôtelier d'Occitanie seront de nouveau en grève demain. Ils ont prévu de remettre une nouvelle mouture du texte au rectorat et d'exposer leurs revendications. Leur objectif est d'être rejoints par les autres lycées hôteliers de France et de se faire entendre le 13 janvier lors d'une journée nationale d'action.
Publié par Dorisse PRADAL
mercredi 7 janvier 2015