Le développement hôtelier en France, une vraie gageure ?

Georges Dahan, président de la société de conseil Thed International et spécialiste s'il en est en matière de prospective hôtelière, décrypte la nouvelle donne à laquelle sont confrontés les investisseurs sur le marché hexagonal.

Publié le 19 janvier 2012 à 17:19

Pour l'essentiel, l'activité de la société Thed International repose sur le conseil et le développement hôtelier, l'asset management et l'assistance à la gestion. Présente en France, cette société intervient dans un certain nombre de projets de référence. Si certains d'entre eux sont en phase de réalisation, voire d'achèvement, d'autres peinent à trouver leur cap dans les flots tumultueux des incertitudes conjoncturelles économico-financières mondiales. Face à cette nouvelle donne qui constitue aujourd'hui la toile de fond des investissements hôteliers en 2012, Georges Dahan, président de Thed International et grand professionnel de l'hôtellerie livre un éclairage personnel, pertinent… et impertinent.

Thed International participe aujourd'hui, de près ou de loin, à quelques-uns des projets hôteliers parmi les plus importants lancés en France, que ce soit sous la houlette de villes ou les collectivités locales, mais aussi aux côtés d'investisseurs institutionnels comme Axa, voire de marques reconnues à l'international comme Renaissance, InterContinental et bien d'autres. Or, si quelques projets sont finalisés et envisagent déjà des ouvertures, il n'en va pas de même pour d'autres, qui semblent rester en stand-by.

Plurivocité des problématiques

Pour expliquer sa décision d'accélérer en premier lieu le développement à l'international, le PDG de Thed International avance quatre problématiques qui entravent tout projet de développement hôtelier en France :

• La première relève du coût du foncier : "Cette inflation des prix des terrains rend les projets difficiles à monter et le modèle économique s'en ressent évidemment. Il faut bien compenser par autre chose l'achat trop cher du terrain. Il faudrait mettre en place une table ronde entre l'État, les opérateurs et les collectivités locales pour débattre sur cette question."

• La participation des groupes hôteliers dans les projets pose également problème : "La participation des groupes - quels qu'ils soient - doit être analysée de très près pour éviter les dépassements de budget et supporter un remplissage massif réalisé par les OTA ['online tourism agencies' ou agences de tourisme en ligne, NDLR]. En effet, nous avons des compétences à travers les cabinets de gestion, les asset managers et les conseils en hôtellerie qui peuvent prendre le relais. Pour les gestionnaires, c'est souvent un engagement financier important demandé par les groupes investisseurs, étant donné que les chaines hôtelières ne garantissent plus le résultat et ne mettent plus de contrat de bail."

Le financement par conséquent en souffre également : "La France est en panne de financement. Les investisseurs qui interviennent aujourd'hui dans l'hôtellerie se situent dans trois catégories : les 'family groups' ['groupes familiaux', NDLR] qui se replient sur l'immobilier comme valeur refuge, à condition d'apporter 50 % minimum de fonds propres, les investisseurs étrangers qui investissent quoi qu'il arrive dans des sites exceptionnels comme Paris, et enfin  les «  gros » investisseurs qui investissent sur des groupes d 'hôtels pour les revendre  peu après  avec plus-values .

Dernier, et non des moindres, frein aux velléités hexagonales d'investissements hôteliers, la lourdeur des charges du personnel : "En Europe elles sont très élevées au regard de celles des pays émergents. Par exemple, en Asie, le salaire d'un barman varie  entre 200 et 500 € par mois alors qu'en France la fourchette  est plutôt  entre 1500 et 1800 € par mois.

Pour Georges Dahan, cette problématique plurivoque est au centre du débat sur le développement hôtelier en France et ne pas aborder ces graves questions revient à restreindre la mise en place de nouveaux projets. La conjoncture actuelle ne pouvant que lui donner raison, le débat reste ouvert.


Publié par Évelyne de Bast



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