Établir un trait d’union entre les personnes éloignées de l’emploi et les métiers de la restauration, riche en offres de postes : telle est l’idée développée par le prêtre ouvrier Franck Chaigneau. Dès 1985, il crée la première Table de Cana à Antony. “Il a été le premier à réinsérer grâce à ces métiers”, rappelle Ghislain Lafont, à la tête de l’association nationale.
Aujourd’hui, le réseau affiche dix traiteurs-restaurateurs, 370 salariés dont 270 en contrat d’insertion, et un chiffre d’affaires de 11 M€ en année normale (hors Covid-19). Les personnes en situation de précarité y sont formées à une dizaine de métiers : commis de cuisine, serveur, plongeur, chauffeur-livreur, préparateur de commandes, assistant commercial, aide en pâtisserie ou en chocolaterie… À l’issue de deux années de formation, le taux de réussite est de 65 %, et les salariés en insertion sont employables quasi-immédiatement. “Les piliers de la réussite, c’est d’avoir une dynamique de qualité et de gestion commerciale dans un environnement concurrentiel, de compter sur des salariés encadrants très compétents et des chargés d’insertion, et d’arrimer chaque entreprise à une association locale. Une centaine de bénévoles aident à lever les freins périphériques à l’embauche : maîtrise du français, problèmes de régularisation administrative, de transport…”, explique le président.
Des quartiers sensibles aux prisons
Depuis sa création, La Table de Cana multiplie les initiatives. En 2015, un programme parrainé par Alain Ducasse, Des Étoiles et des femmes, permet à des femmes issues de quartiers sensibles de suivre une formation culinaire en alternance auprès de chefs de renom. L’opération, d’abord lancée à Marseille, s’est par la suite développée dans dix villes de France. La Table de Cana s’intéresse aussi à la réinsertion des détenus, à travers la création de restaurants d’application à l’intérieur des prisons.
La crise sanitaire freine ses résultats, mais pas son engagement : en 2020, près de 190 000 paniers-repas de qualité traiteur sont distribués aux plus démunis grâce à la collecte de 1,5 M€.
Prochaine étape : doubler le nombre des salariés d’ici quatre ans, essentiellement par croissance externe. “Nous comptons créer de nouvelles Tables de Cana, notamment dans le grand ouest et le nord, et nous proposerons à des traiteurs-restaurateurs de rejoindre notre réseau, annonce Ghislain Lafont. Nous sommes débordés de demandes. Aujourd’hui, il y a une vraie appétence pour cette démarche sociale : cela donne un sens à nos métiers.”
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Publié par Violaine BRISSART