"Cette année, le sens du partage a servi de fil conducteur à la Semaine
du Goût." Le ton est donné par Sophie
Gerstenhaber, déléguée générale de la Fondation pour l'innovation et la
transmission du goût. Elle se félicite de cette ouverture, notamment sur
d'autres cultures, en soulignant la présence de chefs venus des Flandres, les Flanders kitchen rebels que sont Sam Van Houcke et David Grosdent, dans les locaux de l'École de Paris des métiers de
la table (EPMT).
Un lieu qui a accueilli, les 11 et 12 octobre, chefs étoilés,
MOF, quelque 400 étudiants en provenance de treize écoles, ateliers de
démonstration et de dégustation, ainsi que la 6e Rencontre des chefs de demain.
Au menu des débats : les enjeux de la santé, du local
et du numérique dans la restauration. un secteur qui est en pleine mutation :
évolution des modes de consommation oblige, à l'heure du snacking et de
l'after-work.
Ce constat a d'ailleurs fait l'unanimité chez les
intervenants. Parmi eux, les chefs François
Pasteau et Simone Zanoni, les
cofondateurs de Terroirs d'avenir, Samuel
Nahon et Alexandre Drouard, ou
encore Agathe Audouze, à l'origine
de l'enseigne parisienne Café Pinson. Diplômée d'une école de commerce, cette
entrepreneuse a d'abord travaillé une dizaine d'années dans le marketing pour
les secteurs de la mode et des cosmétiques, avant de se pencher sur
l'alimentation. En particulier, sa propre alimentation.
Soucieuse de sa santé,
elle a voulu se nourrir autrement : "C'est là que j'ai découvert le bio, le végétarien, le sans
gluten…" Un intérêt personnel qu'elle a transformé en challenge
professionnel en 2013, avec l'ouverture
d'un premier restaurant, à Paris, ciblé sur une alimentation liée à la santé et
au mieux-être. Aujourd'hui, Café Pinson compte deux adresses dans la capitale
et un coffee shop au Bon Marché. "Cette offre répond à une réelle attente des consommateurs", explique-t-elle.
Grâce à internet, elle a multiplié par sept son
chiffre d'affaires en un an
Quant
à la cuisinière Anto Cocagne, membre
du comité de pilotage 2017 de Chefs de demain et invitée à débattre, elle place
le web au coeur de sa réussite. Formée à Ferrandi et passée dans de grandes
maisons, telles que Potel et Chabot ou Lenôtre, elle s'est installée comme chef
à domicile en 2014. Sa spécialité : "La cuisine de l'Afrique sub-saharienne." "Sans internet, je n'en serais pas là",
confie-t-elle.
En effet, en adhérant à la plateforme Invite1chef.com et en
étant présente sur six réseaux sociaux, elle a multiplié par sept son chiffre
d'affaires en l'espace d'un an. "La
numérisation du secteur de la restauration est telle que sept Français sur dix consultent un site d'évaluation et d'opinions avant de choisir un lieu où vont
se mettre à table", indique une étude publiée en 2017 par Food
Service Vision. Un jugement du public qui n'effraie pas Anto Cocagne.
Au
contraire : "Les clients me
notent à chacune de mes prestations et ça me donne envie de me dépasser à
chaque fois." Et elle n'est pas la seule à se préoccuper de son image
sur la Toile : toujours selon l'étude de Food Service Vision, huit restaurateurs sur dix suivent la satisfaction de leurs clients sur internet.
Normal donc, si certains chefs débutent désormais leur journée en postant
photos et vidéos en direct de leur cuisine.