Avec 45 % de sorties précoces de l’emploi, l’hôtellerie et la restauration apparaissent comme le premier secteur français à perdre précocement et abondamment ses séniors. Les raisons avancées de cette déperdition seraient la santé, l’invalidité, le chômage et d’autres causes mal délimitées. “Elles pourraient être, par exemple, la démotivation ou encore le désir de s’occuper d’une personne dépendante”, tente Jean Flamand, auteur de l’enquête de France Stratégie, centre d’étude autonome rattaché à Matignon. “Les services du Premier ministre sont informés de notre publication. Elle pourrait inspirer le volet suivant la réforme des retraites, celui sur la pénibilité et les conditions de travail dans les métiers en tension. En effet, les branches surreprésentées dans notre étude sur les départs précoces concernent des filières aux conditions de travail contraignantes comme les CHR mais aussi le bâtiment ou encore les services à la personne”, analyse le socio-économiste spécialiste des questions d’inégalités sur le marché du travail.
Comment retenir les seniors dans l’hôtellerie et la restauration ?
L’étude de France Stratégie est un outil de diagnostic pour quantifier les sorties précoces de l’emploi autre que les départs en retraite. “Cette enquête statistique n’a pas vocation à faire des propositions”, insiste Jean Flamand. Cependant, à la lumière des chiffres choc applicables à la restauration, il apparaît que dans un secteur qui souffre, pour des raisons différentes (structurelles et conjoncturelles), de pénurie de personnel, une meilleure prise en compte de cette évasion massive des plus de 50 ans, souvent expérimentés d’ailleurs, serait une piste concrète voire prioritaire pour lutter contre le manque de personnel. D'autant plus que ces seniors-démissionnaires devront désormais travailler deux années de plus. Encore faudrait-il qu’ils soient en capacité. “Il ne faut pas attendre que les employés de la restauration aient 50 ans pour agir. Progressivement et tout au long de la carrière, il faudrait intervenir pour aménager les postes, les horaires de travail. Il faut anticiper et prévenir l’usure professionnelle dès le début de la vie active. C’est une stratégie de lutte aussi contre le phénomène d’aspiration vers d’autres secteurs dont ont souffert pendant le Covid l’hôtellerie et la restauration au profit, par exemple de la logistique”, envisage Jean Flamand. A contrario des CHR, les métiers qui retiennent le mieux leurs anciens, selon France Stratégie, sont les médecins, les ingénieurs, les cadres bancaires et les enseignants.
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Publié par Francois PONT