La Coupe du monde de pâtisserie, ce sont d'abord des images incroyables, comme celle de ce candidat chinois pelant une pomme à la tronçonneuse, ou ce membre de l'équipe britannique façonnant un tube caramélisé à la façon d'un souffleur de verre… L'espace Paul Bocuse d'Eurexpo, à Lyon, s'est transformé pendant deux jours en salle de spectacle, où les pâtissiers venus de 22 pays ont rivalisé d'imagination.
L'alchimie du sucre et du chocolat transformés en art, avec ces merveilleuses sculptures pâtissières qui en rajoutaient à la magie. Mais la Coupe du monde de pâtisserie, c'est avant tout une compétition, organisée pour la treizième fois dans le cadre du Sirha. Un concours où, pour la première fois, tous les continents étaient représentés, avec notamment l'Égypte, le Maroc, la Tunisie et la Côte d'Ivoire, sélectionnés pour l'Afrique.
22 équipes finalistes
Et qui dit compétition, dit évidemment tension. Comme les acclamations du public dans les gradins de l'espace Paul Bocuse, le stress montait au fil des heures dans les box des 22 équipes finalistes, avec la menace d'un anéantissement en quelques secondes. Les Belges et les Marocains en ont fait l'amère expérience lorsque leur spectaculaire pièce artistique en chocolat s'est écroulée sur son socle.
Mais finalement, c'est l'émotion que l'on retiendra, les larmes de joies de Quentin Bailly, Mathieu Blandin et Joffrey Lafontaine, les membres de l'équipe de France couronnée de la médaille d'or de cette treizième édition de la coupe du monde de pâtisserie. Les Français ont pourtant eu également leur lot de problèmes, dont une panne de machine à chocolat qui a fait perdre un peu de temps… mais n'a heureusement pas fini en sortie de route, pour reprendre la métaphore automobile choisie par l'équipe de France pour se démarquer.
"Nous avons illustré notre travail à travers les 24 heures du Mans, car c'est vraiment une thématique très française, qui nous a permis de créer deux pièces en sucre et en chocolat très originales", explique Frédéric Cassel, président de cette équipe de France victorieuse. "Toute la difficulté, c'était d'inclure les deux pièces l'une dans l'autre, pour nous adapter aux contraintes de présentation en buffet rond de cette année, très différentes de celles d'un buffet rectangulaire."
Pari réussi par conséquent, au terme de dix heures de travail intensif pour présenter trois entremets au chocolat, trois entremets glacés aux fruits, douze desserts à l'assiette, et trois pièces artistiques (sucre, chocolat et glace hydrique). À ce jeu les Japonais et les Italiens se sont classés respectivement à la deuxième et troisième place.
Très haut niveau de créativité et d'émotion
"Ceux qui ont bien compris quelles étaient les exigences de cette treizième édition ont gagné, mais je dois reconnaître que nous avons atteint un très haut niveau de créativité et d'émotion cette année", soulignait Gabriel Paillasson, président fondateur de l'événement au terme de la compétition ponctuée par la visite du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et la ministre de l'Artisanat, Commerce et Tourisme, Sylvia Pinel.
Gabriel Paillasson en a d'ailleurs profité pour rappeler que la quasi-totalité des membres du jury étaient des anciens "Meilleurs ouvriers de France", et pour rappeler l'importance de conserver ce concours MOF, qui participe aussi de la sélectivité et de l'excellence culinaire française. Avec leur médaille d'or, les candidats français ont reçu un chèque de 12 000 € des mains du président d'honneur Jacques Charrette et de Jordi Bordas, vainqueur de la dernière édition de la Coupe du monde de pâtisserie en 2011.
Le pâtissier espagnol est aujourd'hui bien placé pour dire toute l'importance de cette médaille d'or qu'il a décrochée, il y a deux ans : "C'est comme passer de l'obscurité à la lumière ; à travers la reconnaissance qu'elle induit, cette récompense donne les moyens d'exprimer une créativité que l'on ne pouvait pas se permettre auparavant. C'est le monde qui s'ouvre."
Publié par Francis MATÉO