A l’annonce d’interdire de chauffer ou climatiser les terrasses, bon nombre d’exploitants se sont senti trahis. Comment, dans cette période de crise inédite aux perspectives incertaines, peut-on envisager des freins à l’activité, même si la mesure ne doit intervenir qu’au printemps 2021 ? La ministre, Barbara Pompili, a-t-elle vraiment mesuré l’impact de sa déclaration, décidée sans la moindre discussion préalable avec les professionnels concernés ? Pour calmer le jeu, Alain Griset, ministre délégué aux petites et moyennes entreprises a été mandaté par Jean Castex pour engager, en association avec le ministère de la Transition écologique, une consultation avec la profession et une audioconférence a eu trois jours plus tard avec les dirigeants de l’Umih et du GNI. « Cette réunion a permis d’initier un dialogue constructif et efficace avec les représentants du secteur pour les préparer à l’entrée en vigueur de cette mesure » a indiqué peu après Bercy, précisant qu’un calendrier de travail avait été défini. Pour Karim Khan « le dossier n’est pas nouveau, il remonte à plus de cinq ans ». Le président de la région Umih Bretagne et de la commission développement durable au sein de la rue d’Anjou est favorable à cette évolution même s’il reconnaît que la déclaration avait un caractère « brutal ». Pour lui, ce sujet « doit être abordé maintenant et dissocié du Covid-19. La prise de position de la ministre est courageuse, malgré un manque de pédagogie. Arrêter de chauffer l’extérieur est inéluctable. Personnellement, je veux défendre un métier qui va dans le sens de l’intérêt général. L’économie et l’environnement doivent cohabiter, il faut cesser de les opposer. Nous avons un an et demi pour nous préparer en prenant exemple notamment sur toutes les villes dans lesquels ce type de matériel a été retiré ». Et de citer notamment Rennes, dont l’interdiction a pris effet le 1er janvier. « Nous avons regardé comment ça se passait et dans la majorité des cas, il y avait du monde en terrasse, jusqu’au 14 mars bien sûr ».
Travailler ensemble à l'amélioration au lieu d'interdire
Au GNI, on préfère un « usage raisonné » à une « interdiction absolue ». Utiliser des plaids en cas de pandémie n’est pas conseillé et leur nettoyage après chaque utilisation multiplie la consommation d’eau et d’électricité, souligne un membre du syndicat. L’organisation professionnelle, qui a effectué une enquête interne en début d’année, montre que dans plus de 2 cas sur 3 des stores ou des écrans brise vent sont déjà installées afin d’éviter le gaspillage d’énergie. L’étude révèle aussi que moins d’une terrasse sur deux est chauffée (44% sur l’ensemble du territoire en moyenne), sauf dans la capitale (75% à Paris). « Force est de constater aussi que l’usage du chauffage en terrasse procède d’une volonté de satisfaire le client à un moindre coût énergétique pour l’établissement et la planète. Les appareils utilisés par les professionnels sont adaptés au chauffage en extérieur. Il s’agit dans près de 60% des cas de lampes radiantes qui offrent les avantages d’une rapide montée en température et de ne pas bruler d’oxygènes) et donc de ne pas émettre de CO2). » En outre « les chauffes terrasse sont allumées soit à l’arrivée des clients (40% des cas), soit seulement à sa demande (47%) des cas ». Au lieu « d’agiter un chiffon rouge, analysons intelligemment tous les paramètres pour lutter efficacement contre le gaspillage énergétique, prône Didier Chenet, président du GNI. Nous pouvons aller plus loin avec les fournisseurs pour mettre des outils nouveaux et adaptés. Nous pouvons nous engager sur l’approvisionnement en énergie verte ou encore dans la valorisation des bio-déchets. Amener le secteur dans la révolution écologique est un travail que nous menons déjà. Ne tombons pas dans le punitif mais au contraire dans un combat partagé par tous. »
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Publié par Sylvie SOUBES
mardi 4 août 2020