“Nous n’utilisons pas seulement les réseaux pour nous faire connaître. Les gens nous manquent. C’est le fond de notre démarche”, explique d’emblée Mathilde Alonzo, chef du restaurant L’Éclosion Badinières. Lorsque, fin novembre 2019, la Chambérienne de 26 ans reprend avec son compagnon, Bastien Bouget-Lavigne, 30 ans, l’auberge jusqu’alors tenue par Patrick Rocher dans le village d’Éclose-Badinières (Isère), leur projet de table gastronomique de 16-18 couverts est bien ficelé. Initiative Nord Isère, la plateforme locale d’accompagnement des créateurs d’entreprise, les a aidés à le mûrir et à le financer avec un prêt à taux zéro de 10 000 €.
“Nous avions une idée très précise de la cuisine du marché bâtie autour de la richesse des produits du terroir que nous voulions proposer. Notre crainte, c’était la comptabilité. C’est notre première affaire”, précise la chef. En mars 2020, après trois mois d’ouverture, la crise sanitaire bouscule leurs plans. Il faut fermer. Ils engagent alors des actions solidaires et cuisinent pour le CHU de Bourgoin-Jallieu ou encore la maison de retraite de Saint-Jean-de-Bournay.
“Restaurant à la maison”
“Mais c’était très dur”, avoue Mathilde Alonzo, qui commence alors à filmer et à poster sur Facebook des recettes simples. Totalisant aujourd’hui 3 550 followers, elle n’a depuis jamais arrêté, créant même le 19 février dernier, un groupe Facebook interactif pour échanger conseils et recettes, puis le 2 mars une chaîne YouTube pour diffuser des recettes qu’elle réalise en direct. “Nous approfondissons ainsi le concept de restaurant à la maison que la crise sanitaire nous a amenés à déployer”, explique le couple, lauréat 2021 du guide 109 de Gault&Millau.
Refusant de vivre, lors du second confinement, les doutes du premier, ils se lancent alors dans la vente à emporter. D’abord avec un menu du marché unique à 21 € le midi, du lundi au vendredi, puis depuis la mise en place du couvre-feu, des plats gastronomiques - deux entrées, deux plats, deux desserts au choix, proposés pour le vendredi soir, le samedi soir et le dimanche midi en formule à 30, 38 ou 48 €. Avec un chiffre d’affaires multiplié par 1,5 en un an malgré cinq mois de fermeture, l’Éclosion Badinières s’est faite une place dans le nord de l’Isère.
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Publié par Nathalie RUFFIER
