Les Jeux olympiques et paralympiques, respectivement du 26 juillet au 11 août 2024 et du 28 août au 8 septembre, vont voir affluer plus de 13 millions de visiteurs à Paris mais aussi, dans une moindre mesure, dans toutes les villes qui accueillent un site de compétition. Soit 1 à 2 millions de touristes supplémentaires.Sous cet angle, on peut se frotter les mains. Les retards accumulés par l'amélioration des transports avec l'allongement des lignes ont commencé à inquiéter le gouvernement. Si bien que début février, plus de 5 mois avant les Jeux, par peur de l'engorgement des transports, une affiche est apparue dans les couloirs du métro parisien et dans les gares d'Ile-de-France avec comme slogan : «l'important, c'est de télétravailler» pendant les Jeux Olympiques. Cette incitation au télétravail a interpelé les professionnels. «Pour nous, c'est grave d'appeler au télétravail. Ce sont des clients en moins. Nous avons vu ce que cela donnait pendant le Covid. Des restaurants, cafés et bars se sont retrouvés sans clientèle dans certains quartiers», a rappelé Franck Delvau, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) Paris Île-de-France.
Depuis la publication par la préfecture de police des périmètres de sécurité autour des sites olympiques et paralympiques dans Paris et à proximité, qui doivent encore être affinés, les restaurateurs y voient un peu plus clair. Cependant, selon les différents périmètres, les cas de figure sont encore en partie à l'étude. Une plateforme numérique d’enregistrement préalable sera mise en œuvre et ouverte au début du printemps 2024. L'accès des clients, des salariés, voire des véhicules de livraison posent encore question. L'anticipation et l'organisation sont de mise d'autant que les perturbations ne vont pas se limiter à deux fois quinze jours. Certains estiment qu'elle s'étendront sur 6 mois, du mois d'avril à la fin septembre. Les jeux paralympiques, qui se déroulent jusqu'au 8 septembre, attisent aussi des craintes sur cette période de retour à une activité normale après les congés annuels.
Les JO une opportunité pour les restaurateurs ?
Akrame Benallal, restaurant Akrame et Shirvan à Paris : « Je pense qu’il faut rester ouverts cet été. Ils ont prévu 10 millions de visiteurs pendant les JO. Ils ne vont pas se faire à manger midi et soir. Ils vont bien aller dans les restaurants. Je pense qu’à partir du mois de mai, ce sera formidable. Avoir les JO, c’est une grande chance. C’est plus fort que la Coupe du monde. Il faut jouer le jeu. Montrer que tout le monde est là. Je ne sais même pas s’il y a assez de restaurants pour nourrir tout le monde. Et si je me trompe, ce n’est pas grave.
Cette année, j’ai décidé de ne pas fermer en août. Mes équipes vont prendre leurs congés de façon anticipée ou après la compétition. Je vais proposer au Shirwan et au restaurant Akrame des plats qui sont proposés aux sportifs sur le stand des chefs du Village des Athlètes. Je pense que cela va plaire aux clients ».
Hugo Cassaro, directeur général adjoint Groupe Beaumarly : « Je pense que ça va être énorme ! On va exploser tous les records ! C’est une clientèle super premium qui vient pour les JO. C’est la terre entière qui va faire escale à Paris avant de se rendre sur la Côte d’Azur ou autres. Toutes les plus grandes stars, les grands sportifs, les sponsors, les fédérations, les familles, les touristes… et ceux qui vont vouloir fêter les victoires ! Nous sommes très contents que les Jeux Olympiques tombent en juillet/août car ça va booster la fréquentation. Nous avons déjà des réservations pour cette période. C’est aussi en prévision des JO que nous avons agrandi Thoumieux qui a doublé sa capacité d’accueil et que nous sommes en train de refaire entièrement le Germain avec un nouveau concept très parisien ».
Alexandre Mazzia, AM par Alexandre Mazzia : « Ce sera toujours un plus. Déjà, c’est une symbolique forte d’avoir les JO chez nous. C’est une façon de faire découvrir nos savoir-faire et notre hospitalité. Il y aura des avantages et des inconvénients. Il faut écouter les contraintes pour essayer d’y répondre au mieux. Je pense que nous manquons d’informations pour des questions de sécurité. On peut le comprendre. Je crois que qu’il faut rester positif en se disant que l’on a réussi à s’adapter à tout, même à la pandémie. Tout le monde va faire en sorte que cela se passe bien.
Guillaume Keusch, Elsass à Paris : « Le restaurant est ouvert depuis quelques mois et je pense que nous avons une carte à jouer : le marqueur Alsace dans les vins et notre cuisine est un avantage. Les vins d’Alsace sont très populaires en Asie et aux Etats-Unis et nous allons trouver des relais pour que les étrangers sachent qu’on existe. On envisage d’ouvrir pour le déjeuner, d’organiser des dégustations de vins en journée, de proposer des repas vignerons ».
Publié par Nadine LEMOINE