L'Hôtellerie Restauration : Vous annonciez 20 ouvertures à l’horizon 2028. Où en êtes-vous du développement ? Quelles sont les perspectives d’évolution de Fauchon Hospitality ?
Jacques-Olivier Chauvin : Il y a cinq ans nous avons ouvert le premier hôtel Fauchon, à Paris. C’est sur cette base que nous avons ensuite approché les marchés à l’international mais sur un modèle différent : nous nous associons avec un investisseur et un opérateur local. C’est un schéma qui a été mis en place il y a deux ans, à Kyoto. On tient à ce que nos établissements soient ancrés dans le lieu où on les développe, tout en respectant les 130 ans d’histoire de la marque Fauchon.
Depuis, nous avons signé plusieurs contrats pour des ouvertures, notamment avec Rosewood. Nous sommes également sur des projets en Arabie-Saoudite, au Katar, à Koweït. Des destinations qui se justifient par la présence forte de Fauchon au Moyen Orient. Nous sommes également en train d’ouvrir une résidence avec services hôteliers et un hôtel à Dubaï. Dans la plupart des cas, nous signons avec des partenaires historiques de la marque Fauchon. Nous sommes en discussion avancées à Istanbul, là encore avec un partenaire historique de Fauchon.
Pour ce qui est des Etats-Unis, nous nous sommes associés à Aimbridge, un opérateur spécialisé dans les hôtels indépendants. Nous espérons ouvrir dans des villes comme Miami ou Nashville.
Pour ce qui est de l’Europe, nous avons des projets pour la France, notamment dans le sud. Nous aimerions ouvrir des petits hôtels de 25 à 30 chambres dans des bâtiments type bastide, au sein de domaines viticoles ou de vergers par exemple.
Vous avez une ouvert une école de formation Fauchon (Rouen). Quels sont les perspectives ?
L’école est assez unique sur plusieurs aspects. C’est une joint-venture entre Neoma et la chambre de commerce de Normandie et Fauchon. Un montage original qui permet de garantir le financement, l’apprentissage… Cette école déploie un spectre de diplôme d’Etat qui va du CAP au master avec des formations au service, à l’hôtellerie, mais appliqué à la logique des boutiques-hôtels où la polyvalence est plus importante. Les jeunes n’ont pas envie d’être dans une même fonction ad vitae aeternam. Il y a des bases mais pas que. Et nous proposons des cursus plus rares comme distillateur, brasseur. Ce sont des savoir-faire qui tombent un peu dans l’oubli et qui sont pourtant très porteurs. Cette école va monter en puissance pour atteindre plus de 500 étudiants d’ici à trois ans. Elle a vocation à se déployer à l’international. On a déjà des demandes au Japon. Sur Riyad en Arabie-Saoudite, on va avoir à recruter et à former 250 personnes. On va donc implanter une antenne de l’école pour accompagner cette ouverture. Le gouvernement nous demande déjà de la rendre pérenne.
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Comment voyez-vous l’avenir de l’hôtellerie ? Quel est l'hôtel de demain ?
Je vois l'avenir du secteur de manière positive, la demande est forte. Selon moi, trois éléments sont à prendre en compte pour ouvrir un hôtel :
- La personnalité. On doit miser sur une hôtellerie qui assume ses différences, presque militante sur ce en quoi elle croit.
- Une hôtellerie ancrée dans son territoire. Il faut donner du sens, ne pas être hors sol. Ça nécessite un parfait alignement avec l’investisseur qui doit être local. La clientèle locale sera au rendez-vous donc la résilience de l’hôtel sera assurée, moins dépendante des clientèles longs courriers.
- On doit montrer les coulisses, montrer comment on fait les choses, le personnel n’est plus là que pour servir mais aussi pour partager. C’est un moyen aussi d’éviter l’artificialisation du luxe. Si j’ouvre mes portes je serai plus attractif, plus ancrée, mais ce n’est pas son risque, il faut assumer.
Quels sont les challenges de demain pour Fauchon Hospitality
- Le principal challenge c’est de trouver les bons partenaires avec qui s’associer dans le temps. Nous signons des contrats sur 20, 25 ou 30 ans.
- Le deuxième challenge est lié à nos équipes : les recruter, les former, les fidéliser et les voir partir pour les voir revenir.
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Publié par Romy CARRERE