Josetxo Souto et Ramon Aso ont les pieds bien ancrés dans les Pyrénées, de part et d’autre de la frontière, en France et en Espagne. Les chefs espagnols sont en effet copropriétaires de deux restaurants de montagne, dont le Callizo de Aínsa, dans la région d’Aragon. Une table qui vient de décrocher une étoile Michelin, alors que le restaurant est fermé pour cause de Covid- 19 par les autorités sanitaires régionales (en Espagne, les décisions dépendent des Régions autonomes). Les associés sont propriétaires d’un autre restaurant, coté français : le Pyrène by Callizo, dans la station de Piau-Engaly, également fermé bien sûr. Pour leur établissement français, les chefs ont perçu une aide mensuelle de 10 000 € par mois depuis octobre dernier, afin de compenser le manque à gagner. “C’est un moindre mal, puisque cela nous permet de couvrir les charges directes d’électricité, de loyer et de téléphonie”, note Ramon Aso.
Pour leur restaurant implanté en Espagne, les associés n’ont en revanche perçu en tout et pour tout que 2 000 € de la part du gouvernement régional d’Aragon... depuis le début de la crise ! “Le gouvernement central de Madrid ne nous a pas aidés, et avec le montant de la subvention régionale, vous comprenez bien que l’on ne peut pas aller loin”, s’indigne le chef. Et encore : les associés s’estiment heureux d’avoir pu accéder en Espagne aux prêts bancaires garantis par l’État pour faire face aux dépenses urgentes : “Mais ce n’est pas une solution à terme, car cela reste un prêt à rembourser avec intérêts !”
Demi-mesures
Cette différence de traitement de part et d’autre de la frontière laisse un goût amer aux professionnels implantés au sud des Pyrénées, même si ce n’est pas un motif de consolation pour les restaurateurs français. Ce décalage souligne en fait l’inconvénient des demi-mesures, comme c’est le cas en Espagne, où les restaurants aragonais ont la liberté d’ouvrir avec une capacité d’accueil limitée à 30 %... Ce qui dédouane les autorités de toute obligation d’indemnisation massive. Mais une telle limitation n’était pas viable pour le Callizo de Aínsa. “Nos clients viennent de Saragosse, Barcelone et d’ailleurs, alors que la réglementation en vigueur interdit de fait l’entrée dans notre région”, se plaignent les copropriétaires du restaurant étoilé. Josetxo Souto et Ramon Aso ont décidé de reprendre les réservations en Espagne à partir du 31 mars prochain. En espérant une amélioration de la situation sanitaire, à défaut d’aides publiques.
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Publié par Francis MATÉO