“J’avais 28 ans, peu d’expérience, mais c’était une opportunité”, se souvient Antoine Chevanne, aujourd’hui à la tête du Groupe Floirat, qui détient notamment le Byblos de Saint-Tropez (Var), hôtel acquis par Sylvain Floirat, son arrière-grand-père, en 1967. Cette opportunité, c’était justement de se hisser à la direction de l’établissement mythique de la côte varoise. “Nous étions en 2001. Le directeur de l’époque s’en allait et mon père a pensé à moi pour prendre la relève”, raconte Antoine Chevanne. Il a alors 48 heures pour se décider. Il se lance dans l’aventure, “sans mode d’emploi, mais avec de très bons seconds”.
Même goût du risque de la part d’Élodie Baly. Désormais directrice administrative et communication du groupe Diana Hôtels Collection, fondé à Molsheim (Bas-Rhin) en 1975 par ses actuels beaux-parents, Michel et Christine Baly, elle a hésité lorsqu’elle a eu l’occasion d’intégrer l’entreprise familiale. À l’époque, elle et son futur mari, Thomas Baly, sont en poste chacun dans un hôtel de luxe à Singapour. C’était à l’orée des années 2010. “Le choix n’était pas évident”, explique-t-elle : “Je n’avais pas forcément envie de rentrer en France, ni de travailler en famille, d’autant que je n’étais pas encore mariée.” Finalement, elle va dire oui “pour venir tester sur une année” , tout en ayant prévu un retour possible dans un établissement en Asie. Antoine Chevanne comme Élodie Baly n’ont jamais regretté leur choix. Le premier a dirigé le Byblos durant cinq années avant de prendre les rênes du groupe familial, qui compte aujourd’hui trois hôtels – le Byblos, La Réserve Saint-Jean-de-Luz et Les Manoirs de Tourgéville, en Normandie. Quant à la seconde, elle participe au développement des acquisitions réalisées par trois générations de Baly. Le groupe Diana Hôtels Collection compte désormais une quinzaine d’établissements, dirigés par les trois fils de Michel et Christine Baly. “Trois fils, trois regards et trois caractères complémentaires”, commente Élodie Baly. Ainsi Thomas Baly chapeaute les hôtels situés en Alsace, Julien Baly couvre ceux basés en Suisse, et François Baly, le cadet, s’est vu confier les rênes de l’hôtel La Diligence à Obernai (Bas-Rhin).
“Indépendance, pragmatisme et humilité”
Du côté de la Compagnie Hôtelière de Bagatelle, l’histoire de famille prend d’autres contours. “Elle débute en 2010 avec l’acquisition d’un premier établissement, le Platine Hôtel à Paris [XVe]” , détaille Célia Cornu, actuelle directrice générale du groupe, qui compte sept hôtels dans la capitale. Un groupe détenu par une société familiale créée par l’entrepreneur Robert Zolade – cofondateur d’Elior - “qui, en transmettant à ses proches et à ses équipes son goût de l’initiative, a donné au groupe cette capacité à accompagner chaque projet dans la durée”, souligne encore Célia Cornu. Elle ajoute : “De la famille, vecteur de transmission et de partage, il en est question jusque dans le choix du nom de la Compagnie hôtelière de Bagatelle, inspiré par celui de la propriété familiale du créateur du groupe.”
Diversifier ses activités, c’est ce qu’a su faire également Jean Madoré. En 1992, un banquier lui propose un placement : l’acquisition d’un hôtel à Rennes (Ille-et-Vilaine). L’entrepreneur consulte ses associés et se prend au jeu. Si bien qu’en 1993, la société bretonne Couedic Madoré Holding (CMH), spécialisée dans l’équipement d’abattoirs, crée la filiale Brit Hotel. Trente ans plus tard, Brit Hotel, c’est 170 établissements à travers la France, dont 147 en contrats de marque et 23 en propre. Côté succession, celle-ci est déjà sur les rails avec Christophe Madoré, fils de Jean Madoré, à la tête du directoire de CMH. “Indépendance, pragmatisme et humilité résument l’ADN du groupe. Des valeurs que nous transmettons à nos salariés comme à nos adhérents”, explique Guy Gérault, directeur général de Brit Hotel.
“Nous sommes proches de nos équipes”
“Indépendance” : un mot qu’ils revendiquent tous. Pour la marge de manœuvre et la rapidité des prises de décision. “L’avantage de la structure familiale, c’est la réactivité”, confirme Antoine Chevanne. Autre atout : l’aspect humain. “Nous sommes proches de nos équipes. Nous passons tous les jours les voir”, explique Élodie Baly. Guy Gérault évoque, lui aussi, la venue régulière de Christophe Madoré au siège de Brit Hotel. “La Compagnie hôtelière de Bagatelle revendique une vision de l’hôtellerie aussi professionnelle qu’humaine. Une vision partagée par l’ensemble des établissements du groupe et soutenue par la famille actionnaire”, poursuit Célia Cornu. Antoine Chevanne renchérit : “Au Byblos, certains de nos salariés sont là depuis plus de trente ans. Mieux encore : Jean-Christophe, premier chef concierge, croise son fils Richard, devenu concierge à son tour.” Même fidélité du côté des clients, dont certains viennent au Byblos depuis trois générations. Antoine Chevanne, dont le père préside le conseil de surveillance du groupe Floirat et la mère garde un œil sur la décoration de l’hôtel tropézien, compare le Byblos à “une grande famille.” Même longueur d’onde du côté de Célia Cornu : “L’esprit de famille, indissociable de notre histoire, est central dans la façon que nous avons d’envisager l’expérience de nos clients. Ils doivent se sentir chez nous aussi bien que chez eux.”
“Je n’aime pas être suiveur. Je préfère innover…”
En 2023, ces maisons de famille poursuivent leur développement. “Je n’aime pas être suiveur. Je préfère innover”, confie Antoine Chevanne. La preuve : le Byblos a accueilli dès 2002 le restaurant Spoon d’Alain Ducasse. Même scénario en 2207, avec le premier spa Sisley de France créé dans l’hôtel tropézien. Et aujourd’hui ? Antoine Chevanne mise sur une approche holistique liée à de nouveaux soins prodigués au spa du Byblos, prépare la quatrième saison de sa plage à Pampelonne (Var) et ne se ferme à aucune opportunité pour ouvrir d’autres établissements à l’international. De son côté, le groupe Diana Hôtels Collection mène chaque année des programmes de rénovation de ses établissements. Le prochain concernera le rez-de-chaussée de l’hôtel Le Colombier à Colmar (Haut-Rhin) avec le designer Ramy Fischler à la manœuvre. La Compagnie hôtelière de Bagatelle, pour sa part, vient de faire l’acquisition de l’hôtel de l’Abbaye (VIe), son septième établissement parisien. Enfin, pour Brit Hotel, Guy Gérault parle de “vision à long terme” avec de nouvelles franchises à venir : “Nous avançons petit à petit, sans la pression d’actionnaires, car le groupe, c’est la famille Madoré à 100 %.”
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Publié par Anne EVEILLARD