Il aura fallu du temps à la famille Bérard pour envisager une transmission acceptable par tous, suite au départ en retraite de Danielle et René Bérard, après cinquante ans à la tête de leur Hostellerie, à la Cadière-d’Azur (Var). Si Jean-François et Sandra Bérard, frère et sœur, s’entendent, ils savaient aussi que chacun devait trouver sa liberté d’action.
Ainsi, Jean-François Bérard, qui tenait le restaurant et avait obtenu et maintenu l’étoile Michelin depuis 2006, est désormais installé à La Bastide des Saveurs, le mas familial dans la plaine de La Cadière. “Je ne voulais plus des contraintes du restaurant 7 jours sur 7. À La Bastide, je propose une table décomplexée, de partage, qui me laisse plus de liberté.” Traiteur, évènementiel, cours de cuisine, le chef aborde là son métier d’une nouvelle manière.
Pour la partie hôtelière, c’est finalement la petite-fille, Marie-Victoire qui, refusant que la maison familiale soit mise à la vente, aura entraîné ses parents, Sandra Bérard et Bruno Caironi, dans la reprise de l’hôtel. “Nous avons racheté la société pour être chez nous et avoir la liberté de nos choix”, appuie Sandra Bérard. Si Marie-Victoire est destinée à prendre la suite, à seulement 21 ans, pour l’heure, ses parents la guident et lui apportent leur expérience. “On ne veut pas casser tout ce qui a été fait, mais il faut moderniser l’hôtel et que Marie-Victoire puisse y apporter sa touche”, commente Sandra Bérard.
300 000 € d’investissement
En début d’année, l’hostellerie changera de nom pour s’appeler Maison Bérard, tandis que d’importants travaux vont être réalisés, pour un montant budgété à 300 000 €. “L’hôtel est vieillissant, on ne va pas prendre de risques insensés, mais il est nécessaire de le rénover. ” Concernant les 37 chambres, réparties dans différentes maisons du village, “nous allons faire en sorte de créer de la circulation pour en faire un ensemble.” Aménager des lieux de vie pour compenser l’absence de jardin, repenser entièrement le bistrot mais aussi agrandir certaines chambres pour avoir plus de catégories, voici quelques-uns des projets à mener. “On voudrait monter en gamme, en confort et en service, commente la jeune femme, on se donne deux ans pour y arriver.”
“Les temps ont changé”
Autre changement, et pas des moindres, dans la forme de management. “Les temps ont changé, on ne peut plus appréhender les métiers de la restauration comme avant.” Le restaurant, mais aussi l’hôtel, sont désormais fermés deux jours par semaine pendant l’arrière-saison. Un fonctionnement que l’ancienne génération n’aurait jamais envisagé, mais devenu nécessaire pour préserver les équipes et optimiser les coûts.
“C’est une chance et un honneur de reprendre une telle maison. C’est aussi une fierté de faire en sorte que le nom ne s’arrête pas là”, confie Marie-Victoire Bérard. C’est aussi une grosse responsabilité qui implique du changement pour apporter une nouvelle identité afin que chacun y trouve sa place.
Publié par Marie TABACCHI