"Interdit aux cons", le ton est donné dès l'entrée. Gwion Flégeo, le troquet du hameau de Saint-Jacques à Bannalec (Sant-Jakez en breton) est une sorte de repaire situé sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Il est fréquenté par des habitués, mais aussi de nombreux touristes et les pèlerins.
Guy Flégeo, un breton d'origine, homme attachant et convivial à la tête de la taverne est aussi druide et défenseur de la spiritualité celtique. Autour du bar les discussions vont bon train et celui-ci affiche sa façon de penser sans langue de bois : "Ici, dit-il, c'est un lieu où l'on vient se ressourcer, discuter et échanger des idées."
Guy Flégeo en tant que druide assiste depuis près de vingt ans à un renouveau de la religion des Celtes. Pour preuve selon lui, "le nombre de mariages druidiques qu'il célèbre augmentent chaque année, le prochain, celui d'un couple Belges est prévu au mois de mai."
"Repas d'autrefois"
Martine sa compagne, discrète mais très présente, a laissé derrière elle sa carrière de parfumeuse. Elle prépare pour les gens de passage, les pèlerins de Compostelle ou les groupes, une cuisine traditionnelle avec les produits du jardin. "Je cuisine des repas d'autrefois : des ragoûts ; des pot-au-feu ; le plat traditionnel du léon, le kig ar Farz ; la tête de veau et des poissons de la pêche du jour", confie-t-elle.
La taverne héberge uniquement les pèlerins du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, des groupes d'une quinzaine de personnes, pour un prix modeste de 30 € avec le repas le soir, le petit déjeuner, quelques soins pour les pieds des marcheurs et même la lessive. Pour les particuliers, les repas sont à réserver à l'avance et les prix varient de 15 à 20 €.
Martine qui aime la peinture invite aussi régulièrement des artistes de qualité à exposer dans une salle proche du bar. La taverne de Saint-Jakez, fait partie des rares endroits où des gens de différentes cultures aiment à se retrouver, refaire un peu le monde avec aussi une certaine nostalgie du passé.
Gwion Flégeo est un endroit où l'on affiche convivialité et générosité. D'ailleurs, il suffit de regarder les différentes affiches et coupures de presse sur les murs qui retracent tout un passé breton avec aussi un côté quelque peu révolutionnaire. Dans un coin du bar, la serpe et la statue du dieu des Celtes et bien entendu Guy Flégeo.
Publié par Jean-Yves Tournellec