« Le cadre est tellement exceptionnel. Jamais le petit gars de province que j'étais n'a rêvé s'installer un jour dans un lieu historique avec vue sur la Seine et le Louvre », confie Guy Savoy. Lors de sa première visite, il avait compté les 11 fenêtres qui illuminaient l'enfilade des six salons. Tout de suite, il avait imaginé les clients attablés dans cette lumière et avec cette vue unique. Ce qui lui manquait rue Troyon. Reste que ce n'est pas seulement la salle qui bénéficie du déménagement. Les cuisines et la pâtisserie, sur deux niveaux, sont aussi baignées de lumière et leur superficie sont sans commune mesure.
Comme de coutume, Guy Savoy a fait appel à l'architecte Jean-Michel Wilmotte pour concevoir le nouveau restaurant. Ils décident de conserver la distribution des volumes et les hauteurs sous plafond. En revanche, les murs sont assombris volontairement en une harmonie de tons gris ardoise et d''en faire « des cocons, des écrins. Toute la lumière vient de l'extérieur. Ce concept de volumes sombres permet par ailleurs de mettre en valeur les tables. Elles sont le point d'orgue du « décor ». C'est là que tout se joue », estime l'architecte. Aussi les tables sont recouvertes de nappes immaculées garnies tour à tour de cristal colorés (bougeoir, poivre, sel), de céramique peinte (assiette de présentation Sourire de Virginia Mo en exclusivité pour Guy Savoy), porcelaine, acier voire carbone (pour les couteaux à viande). Guy Savoy a travaillé main dans la main avec le designer Bruno Moretti pour renouveler les arts de la table.
Chacune des salles a été baptisée : Belles bacchantes, Las Vegas (la seule ville étrangère où Guy Savoy a conservé la gestion d'un restaurant), Scènes de Paris, Louvre, les Académiciens et le salon BB. La capacité maximum est de 60 places. Les clients accèdent à leur table par un couloir sombre, éclairé faiblement par la cave à vin. Une porte pour chaque salle, ce qui permet également un service efficace et discret en direct avec les cuisines à deux pas. Les clients de Guy Savoy connaissent sa passion pour l'art moderne. L'homme d'affaires François Pinault a confié au cuisinier des oeuvres de sa collection privée pour orner le nouveau restaurant.
Dans l'assiette, les clients retrouveront les classiques de Guy Savoy (Moules et mousserons, jus terre et mer, les huîtres en nage glacée…), mais des nouveautés les attendent : Saumon « figé » sur la glace, consommé brûlant, « perles » de citrons ; Paletot de canard rôti, saveurs douces, amères et poivrées… le ticket moyen ? 200 euros hors boisson. Le menu couleurs, textures et saveurs est à 360 euros. L'investissement s'élève à 3 millions d'euros. La concession d'une durée de 15 ans pourrait passer à 20. « Je suis très heureux, dit Guy Savoy. Maintenant, dans l'Hôtel de la Monnaie, il nous reste l'ouverture de la brasserie qui s'appellera Savoy'r Faire. Ne me demandez pas la date d'inauguration. »
Publié par Nadine LEMOINE