“L’hôtel n’est pas impacté par les évènements, nous prenons les réservations. Par contre, le restaurant Fouquet’s et le bar de l’Escadrille sont fermés, sans date de réouverture annoncée pour le moment. La restauration est assurée au restaurant Le Marta qui se trouve dans l’hôtel. Les salles de séminaires sont réquisitionnées pour les petits déjeuners en attendant un retour à la normale”, explique avec une voix rassurante, Aurore au service des réservations de l’hôtel Barrière Le Fouquet’s.
Le ton est nettement moins charmant sur le pavé de l’avenue des Champs-Élysées où une odeur de brûlé s'ajoute aux bruits des ouvriers qui calfeutrent la façade ravagée par les casseurs et les invectives de badauds qui gesticulent, excités par une forêt de micros et de caméras. “C’est la fois de trop” ; “On va défendre les commerces nous-mêmes ! ”, peut-on entendre. L’ambiance est électrique, les esprits s’échauffent.
Le samedi de trop
Au 75 de l'avenue, un serveur en marinière, plateau de limonadier plaqué sur le ventre, barre l’entrée de l’établissement dont la fréquentation semble bonne. “Personne ne vous parlera. C’est la fois de trop. Nous avons des consignes très strictes”, explique avec un sourire désolé l’employé de restauration visiblement résigné. Les ravages de ce 18e samedi de destructions ont assené le coup de grâce à des hôteliers et restaurateurs poussés dans leurs derniers retranchements.
Il faut dire que les stigmates des violences sont effarants : kiosque incendiés, mobilier urbain réduit en cendres, murs tagués, vitrines éventrées... Une terrasse entière, comme celle de la Brioche dorée, apparaît comme un miracle. “Ils l’avaient rentrée”, explique un riverain. Plus haut, vers l’arc de Triomphe, les dégâts ne s’amenuisent pas : la vitrine du Café George V est fracturée d’impacts massifs. Sans doute faudra-t-il la changer une nouvelle fois.
À côté, au Bistrot des Champs, un serveur, souriant et fataliste, nettoie les vitres en extérieur. “Je suis du Bangladesh mais c’est ici que ça va pas. Il y a beaucoup de problèmes en France”, dit-il en montrant les panneaux de verre éclatés de la terrasse. Les destructions seront les mêmes pour l’hôtel Claridge, Ladurée, le café Paul, L’Occitane, Pierre Hermé au 86, Chez Léon de l’autre côté de l’avenue ou encore le drugstore Publicis à côté de la place de l’Etoile. Il reste une interrogation : les hôtels et restaurants de l’avenue des Champs-Elysées pourront-ils supporter un dix-neuvième samedi de destructions ? Sans doute pas.
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Publié par Francois PONT
lundi 18 mars 2019