Bien moins protégés qu'en France, les salariés américains des grandes chaînes de fast-food procèdent depuis novembre 2012 à des grèves visant à une revalorisation des salaires minimums. Le mouvement a débuté à New York, puis s'est répandu à travers les États-Unis. Le 5 décembre dernier, les coordinations défendant les salariés de fast-food ont appelé à une 'one day strike' (grève d'une journée). Elle consistait en une cessation de travail, voire à ne pas venir du tout, dans plus de 100 villes.
Un employé d'une chaîne de fast-food gagne, en moyenne 9 $ (6, 54 €) de l'heure, avec un minimum fédéral (l'équivalent de notre smic) à 7,25 $ (5, 25 €), selon les statistiques du bureau du travail américain. Les salariés réclament une hausse du salaire minimum à 15 $ (11 €) de l'heure. Organisée au départ par des groupes locaux, la contestation a reçu le soutien - notamment financier - de l'Union internationale des employés de service (Service Employees International Union), une importante organisation syndicale des États-Unis. "Notre objectif, avec cette journée de grève est de montrer le pouvoir des travailleurs quand ils laissent tomber le travail et enrôlent avec eux les autres employés devant les restaurants. Nous informons par ailleurs la population de nos revendication", a expliqué Kendall Fells au magazine Time. Organisateur du mouvement Fast-Food Forward, est également le coordinateur des grèves à New York. "Ces grèves éclairs, contrairement aux grèves traditionnelles, nous ont permis d'entretenir le mouvement durant un an et de le répandre à travers tout le pays", relate-t-il.
"Des activistes rémunérés"
En 2012, selon le bureau du travail américain, seuls 11,3 % des employés étaient syndiqué, et 6,6 % si on ne prend en compte que les employés du secteur privé. Depuis dix ans, ce déclin du syndicalisme contribue à favoriser l'émergence d'une autre forme de contestation, organisée par des groupes d'activistes locaux. La National Restauration Association (NRA), principale organisation syndicale des CHR outre-Atlantique, reste sereine et affirme dans un communiqué "qu'il ne s'agit que d'un spectacle trompeur, un coup de publicité coordonné sur le plan national. La plupart des manifestants ne sont que des activistes rémunérés, il n'y a parmi eux qu'assez peu d'employés". Pourtant, la réalité du mouvement est incontestable, même si les différentes mobilisations de salariés n'ont pour le moment pas fait fléchir les directeurs des restaurants.
Publié par A. J. A.