Édito du journal n°3337 du 11-04-2013 : "Fisc, morale et justice"

Publié le 10 avril 2013 à 13:51
Inutile de jouer les vierges effarouchées à chaque scandale qui met en scène hommes politiques, hauts fonctionnaires et autres membres de 'l'élite' autoproclamée.

Depuis l'invention, lointaine, de l'impôt par les puissants afin de taxer les faibles, le consentement à la contribution publique n'a jamais fait partie d'une attitude naturelle et spontanée. Des publicains de l'Évangile, ces collecteurs de taxes au service - un comble - de l'occupant romain, aux excès de la Ferme générale qui contribuèrent puissamment à l'avènement de la Révolution française, en passant par les multiples 'inventions' médiévales qui écrasaient le petit peuple soumis à la taille, la dîme et la gabelle, sans oublier les 'quatre vieilles' et autres prélèvements plus ou moins folkloriques, le contribuable se révéla finalement plutôt docile face à la rapacité sans borne des gouvernants.

Malgré des sursauts vite qualifiés de poujadisme, voire aujourd'hui, horresco referens, de populisme, l'ère moderne continua d'appliquer les principes les plus cyniques formalisés par Colbert et Talleyrand, que les historiens s'accordent à considérer comme de grands hommes d'État. Le premier, au service du Roi-Soleil, formalisa la fameuse théorie aujourd'hui encore enseignée dans les meilleures écoles de la République, selon laquelle la fiscalité consiste à "plumer la volaille sans la faire crier". Nettement plus diabolique - un comble pour un évêque -, le second n'hésitait pas à conseiller à l'Empereur perpétuellement impécunieux de "taxer les pauvres car ils sont nettement plus nombreux que les riches"

Difficile aujourd'hui de ne pas éprouver un désagréable sentiment de retour au temps honni de la Ferme générale, comme le soulignait encore la semaine dernière un député compatissant envers ses électeurs contribuables : "Il est trop facile de taxer à outrance le bistrot du coin sous prétexte qu'il ne peut pas se délocaliser". Certes, mais c'est bien ce qui alimente le sentiment d'injustice quand éclate un scandale qui finalement est fondé davantage sur le mensonge d'État que sur la mise en péril des finances publiques.

N'oublions pas qu'au classement des hommes les plus populaires du XVIIIe siècle, on trouvait un certain Mandrin, dont l'activité essentielle était ce que l'on appelle aujourd'hui la fraude fiscale. Et n'oublions pas non plus qu'il a très mal fini.

Publié par L. H.



Commentaires
Photo

En cliquant sur publier vous acceptez les [conditions générales d'utilisation]

Voir notre Politique des données personnelles

Dialoguez avec nos experts !

(Service réservé à nos abonnés : 3,33€/mois)

Vous souhaitez poser une question
ou ajouter un commentaire ?

Un seul clic pour accéder à la suite :




Vidéos-Podcasts


Newsletter

Ne Ratez plus l'actualité , abonnez-vous à la newsletter quotidienne !


Dernières offres d'emploi

Commis de cuisine H/F

83 - HYERES

L'hôtel-restaurant La Villa Sainte Anne, située sur l'île de Porquerolles, recherche son/sa futur(e) COMMIS /PLONGEUR, pour la saison été 2025. > contrat de 40h, > 2 jours de congé minimum par semaine > dès que possible à fin septembre > possibilité de logement > réduction sur les trajets de b

Posté le 07 août 2025

Chef de partie H/F

Etats-Unis

Le Saint-Louis Club à Saint-Louis aux États-Unis est à la recherche de Chefs de Partie Cuisine (h/f) et Chefs de Rang passionnés de travail et de voyage. Nous sommes un club privé avec deux nouveaux restaurants, un gastronomique et une brasserie Française. Toute Nouvelle Cuisine très bien équi

Posté le 07 août 2025

Pâtissier H/F

74 - CRUSEILLES

Offre d'emploi – Cuisinier / Cuisinière (CDD ou CDI) Lieu : Château des Avenières, Cruseilles (74) Contrat : CDD (6 mois minimum) ou CDI Salaire : À partir de 1800,00 € net Avantages : Poste logé et nourri pendant les heures de travail Label : Établissement labellisé Peace & Work Ce que no

Posté le 07 août 2025